vendredi 7 août 2020

Cachée entre l'expir et l'inspir

The Heritagist: India


kharaṇḍadaṇḍamadhyasthā aṇucitkalayāpinī //
prāṇāpānāntare līnā ānandaśaktirucyate /
kālavelāvicitrāṅgī tanvī tattvaprabodhakī //
nirānandapade līnā bhīṣaṇī paramāvyayā /

"Cachée entre l'expir et l'inspir,
on dit qu'elle est l'Energie de Félicité.
Elle habite au centre du canal de l'espace,
infuse dans le dynamisme conscient de l'âme.
Fine, ses membres ornés des temps et des moments,
elle est Celle Qui Éveille à ce qui est.
Elle repose dans la félicité de la paix,
terrible, suprême et immortelle."

Manthâna Bhairava Tantra, Kumârikâkhanda, II, 4b-6a

Ceci est la réponse de la Déesse à Dieu, le début de l'explication du Soûtra en Trois Versets Et Demi, la quintessence du Tantra (ce mot étant ici pris en son sens traditionnel de "gnose divine", la conscience que la conscience universelle a d'elle-même).

Dans la culture, les tantras (livres) Shaivas sont la quintessence. Leur quintessence est le Kaula, l'intime gnose échangée entre Dieu et la Déesse. Sur cet arbre ancien, quatre branches puissantes : la tradition primordiale (pûrva) de la Triade (Trika) ; la tradition secrétissime de Kâlî (Krama, à ne pas confondre avec la personne du même nom bien connue dans les purânas, etc.) ; la tradition érotique de Tripurâ ; et enfin la tradition ultime de Kubjikâ. 

De profondes arcanes sont cachées dans les relations entre les branches de ce Mandala de la Réalisation (samvitti). Ainsi, Trika et Krama se complètent : Éros et Thanatos. Tripurâ et Kubjikâ ont été révélées un peu plus tard. Ces deux traditions sont à l'origine du système à sept chakras bien connue aujourd'hui. Enfin, dans la Triade et Tripurâ, Dieu enseigne la Déesse. Alors que dans Kâlî et Kubjikâ, la Déesse répond au questions de Dieu, comme dans le passage ci-dessus.

Dans cette révélation de la Déesse Lovée (kundalinî, vakrâ) elle-même, la Déesse se révèle et se réalise dans l'Intervalle, c'est-à-dire sur le Chemin du Temps ; puis, elle s'épanouit sur la voie du Centre (madhyanâdî), c'est-à-dire sur le Chemin de l'Espace. 

Elle est l'intime Présence en chacun, le dynamisme de la Présence, source de toutes les présences et de toutes les absences, au-delà de l'absence comme de la présence, acte infini à la racine de toutes les actions, mouvement total dont tous les mouvements sont comme les ornements. 

Et cela se révèle dans l'Intervalle. L'alchimie commence ainsi, là, dans cet Équinoxe. Le souffle Égal s'éveille alors, devient le Vertical qui consume tout ce qui doit l'être, jusqu'à l'Omniprésent, origine du mental, par-delà le mental. Et tout cela est félicité.

Ce passage transmet ainsi, en bref, tout l'enseignement du Tantra.

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