La Puissance est un Apparaître,
Celui qui apparaît s'actualise.
Celui qui s'actualise apparaît. 8
[Le Soi est comme un miroir limpide : de par sa pureté, il est disponible pour une infinité de reflets. Cette disponibilité est sa "puissance". Le Seigneur et sa Puissance sont inséparables. Concrètement, le Silence et les bruits du monde sont deux aspects du réel, un peu comme la vacuité et la forme chez les Bouddhistes.]
Je me savoure moi-même,
Parole en sept parties.
Merveille ! Je prend conscience de moi-même
Par la conscience de soi. 11
Je suis l'Être suprême.
J'apparais en moi-même,
Errant dans une joie perpétuelle.
Je m'épanche, me conserve, me boit (de nouveau).
Je suis le Seigneur qui se résorbe lui-même en lui-même. 12
Ces actions multiples, ininterrompues,
A commencer par l'élément Terre,
N'existent que si elle s'appuient sur ce royaume que je suis.
Moi, disponible, je me diverti dans le Soi, royaume suprême des actions divines.
Etre "facteur de l'action", c'est toujours exister en s'appuyant sur moi. 13-14
Je suis l'unique Puissance.
Je m'actualise en disant toutes les actions divines.
En l'état de la racine verbale,
Je scintille pour agencer toutes choses. 15
[Ces deux dernières stances parlent le jargon de la grammaire sanskrite, d'une extrême rigueur et depuis fort longtemps objet de réflexion. Selon la Reconnaissance, le verbe est le coeur vivant de toute phrase. Il est à la phrase ce que l'Acte de conscience "je suis je" est à toute conscience. Les "facteurs de l'action" - sujet, objet, instrument, finalité, lieu, origine, support - gravitent autour du verbe, en précisent le sens, et jouent ainsi le rôle de "facteurs de contractions". Ils sont les accidents par lesquels l'Acte infini se contracte en une conscience individuelle. Mais tout cela se déroule sur fond de conscience à jamais épanouie.]
Amritavâgbhava, Le Grand Arcane des Parfaits (Shrîsiddhamahârahasyam), Jammû, 2003.