Troisième jour - suite
Je suis capable d'action, de connaissance et de désir grâce à l'Acte parfait du Soi.
Prenant mon repos
A la fois dans la Manifestation et dans la Conscience,
Je scintille de manière égale. 5
[Normalement, "scintiller" c'est apparaître tantôt ici, tantôt là, en alternance et de manière discontinue. Comment peut-on "scintiller sans interruption" ? N'est-ce pas un paradoxe ? Mais la conscience, qui est Vibration, dépasse ces dilemmes. Elle est parfaite prise de conscience de soi jusque dans les représentation limitées, émotions ou jugements étroits. Autrement dit, l'Acte de conscience, pure liberté, est libre justement parce qu'il peut se contracter à la mesure des choses, sans pour autant se perdre en elles. Veille et sommeil, introversion et extroversion sont alors "égales".]
J'agis, je connais et je résonne par moi-même
Parfaitement établi dans le Soi.
Aussi suis-je ravis, à la fois comblé et enchanté,
Me révélant et me cachant à moi-même. 6
[Le "moi" dont il est question ici est bien sûr l'Acte parfait, la pure présence qui transmute toute trace d'égoïsme en pur amour. "Je résonne" : nadâmi, synonyme de vimrshe "je pense, je prend conscience de, je juge, je me représente".]
Dans la Lumière des quatre états,
Je prend conscience
Des soixante-quatre yoginîs
Comme des seizes parties [de la lune]. 7
[Les quatre états sont la veille, le rêve, le sommeil profond et la pure conscience de soi. Les soixante quatre yoginîs, ou sorcières, sont autant de modalités de la conscience, de la subjectivité, c'est-à-dire tout le registre des expériences possibles. Les seize parties de la lune sont les différents aspects du monde objectif.]
Disponible, je vibre en moi-même
Et deviens Apparant.
Savourant cette vibration en moi-même,
Je deviens l'Acte de conscience. 8
Disponible au dedans comme au dehors,
Je savoure la Manifestation, le Soi.
Le Seigneur se diverti,
Portant la Joueuse au trident. 9
[Encore et toujours des jeux de mots ! Je traduis "shâkah" par "disponible" plutôt que par "puissant". Le "trident", ou "celle qui porte le trident" (lauhitîm), c'est la déesse aux trois Puissances de désir, de connaissance et d'action. La "Joueuse" (lalitîm), c'est aussi l'Acte de conscience. Les symboles sont variés, mais le sens est toujours le même : tout est adoration.]
Amritavâgbhava, Le Grand Arcane des Parfaits (Shrîsiddhamahârahasyam), Jammû 2003.
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