Cette solitude nécessaire à un entretien doux et familier avec Dieu consiste plutôt dans le silence de l'âme que dans la séparation d'avec les hommes, qui seule n'est pas capable de nous donner le recueillement. Le bruit qui nous est propre, qui se fait au fond de nous-mêmes, et qui affecte les puissances où Dieu veut opérer, nous distrait bien plus que celui qui nous est étranger, et qui ne frappe que nos oreilles. On peut-être fort recueilli et vivement touché de Dieu au milieu du tumulte des créatures ; et en effet Ézéchiel l'est au milieu d'une troupe confuse d'esclaves gémissants. Mais on ne saurait guère être recueilli dans la multitude de pensées, dans les meutes de passions, et dans la confusion de l'âme. Aussi Dieu ne dit pas qu'il nous conduira dans la solitude pour parler à nos oreilles, mais pour parler à notre cœur : il demande donc de nous la solitude intérieure. Sans ce silence de l'âme, on sera seul sans être solitaire, et, comme dit saint Bernard, une cellule religieuse sera moins une sainte retraite qu'une honorable prison.
Antoine de Lombez, Traité de la paix intérieure, I, 2
Encore un très beau texte ! Merci !
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