Lac Khosgol, Mongolie
Comment passer de la connaissance intellectuelle à la connaissance directe ?
En réalité, il n'y a rien de plus aisé. Le Soi, notre vraie nature, n'est pas une chose particulière qu'il faudrait manifester dans le champs de notre conscience, mais notre conscience elle-même. Et encore, dire "notre" conscience est inexact. Car nous sommes conscience, depuis toujours et à jamais. Rien n'existe en dehors de la conscience. Par conséquent, chercher une expérience du Soi comme si le Soi était autre que l'expérience, c'est chercher "à sauter par-dessus son ombre" ! Rigoureusement impossible.
Une pensée cesse : conscience pure. Pas besoin de pensée, pas besoin d'objet pour exister. En revanche, l'objet à besoin de conscience. Être, c'est être manifesté, c'est être objet pour la conscience, tout comme être une vague, c'est être dans l'océan.
Si nous sommes convaincus du contraire, c'est parce que nous sommes victime de confusion : nous regardons les choses, au lieu de retourner notre regard vers la Lumière qui manifeste ces choses. Nous disons "Mais cette connaissance est seulement intellectuelle !", alors que cette affirmation elle-même baigne dans cette Lumière ! Le doute n'est possible que grâce à cette "certitude" qu'est la Lumière consciente toujours présente. Des concepts surgissent. Mais la Lumière consciente n'est pas un concept. Je peux douter de tout. Mais comment douterais-je de mon être ? Le nier, c'est encore l'affirmer ! Tout est "intellectuel", au sens où tout est construit, y-compris les sensations, les sentiments et émotions. Tout, sauf la Lumière qui éclaire ces constructions. Tout va et vient. Mais la conscience ne va ni ne vient. Quoi de plus simple ?
"Dans le moment même où tu contemples un objet quelconque,
n'es-tu pas toi-même manifesté ?
Si tu ne l'es pas, tu n'existe pas
et comment alors peux-tu me questionner ?
Si tu étais aussi irréel qu'une fleur céleste,
comment pourrais-tu désirer le bien,
comment pourrais-tu chercher à te connaître toi-même ?
Tu diras peut-être :
"J'ai de moi-même une connaissance générale,
et non distincte",
mais ce trait général est justement ton essence impérissable !
Cette absence de particularité constitue ta forme propre."
Doctrine secrète de la déesse Tripurâ, trad. M. Hulin, 159
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