Suite du Jeu de la conscience (Bodha-vilâsa), poème du shivaïsme du Cachemire attribué à Kshéma Râdja :
La
vision de connaissance
s'ouvre
en grand,
immaculée,
lumineuse, pure,
débordante
d'une éternelle félicité,
sans
égale,
sans
même avoir à détruire la "prison" du corps. 30
En se familiarisant avec "le centre" entre deux pensées,
le yogi gagne "la force du Soi" et la vision divine,
qui, en gros, perçoit sans bavardage intérieur,
un peu comme un enfant.
Cet état est l'absolu, le but ultime du shivaïsme du Cachemire,
l'état sans égal (anuttara), qui enveloppe à la fois
la dualité (puisqu'il y a perception) et l'unité (pas de bavardage intérieur).
Et donc, il n'est pas question de "prison du corps" (deha-jâla)
dont il faudrait se délivrer.
Les autres traditions de l'Inde ne proposent pas une véritable liberté en cette vie.
Même dans le Vedânta, c'est un état imparfait, en attendant la mort,
un état qui s'explique par un "reste d'ignorance", car la connaissance
et l'ignorance sont incompatibles. Il en va de même pour le Sâmkhya et
le yoga de Patanjali.
Ici, en revanche, le corps est la chair de Dieu, élargie à tout ce qui est perçu.
Il n'y a donc pas à le rejeter, et une véritable "liberté en cette vie" (jîvan-mukti)
est possible.
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