mercredi 2 octobre 2019

Sans ego ?


Le Soi libère du Moi et du Mien,
car il est libre du Moi et du Mien.

Un état est détruit, mais il est remplacé par un autre, plus vaste.
L'absence est une présence qui grandit.

La disparition de l'ego est son agrandissement à l'infini.
La disparition de l'ego est la disparition des limites de l'ego.

Qu'est-ce qu'une expérience mystique ?
C'est une expérience de disparition de l'ego.

Qu'est-ce que l'éveil ?
C'est la compréhension de ce qui est plus vaste que l'ego.

Qu'est-ce que l'ego ?
C'est le Soi infini identifié à quelque chose de fini.

Grandir, c'est passer d'un ego plus petit 
à un ego plus vaste.
C'est l'expérience que nous faisons
face à l'immensité d'un paysage,
d'un visage, quand nous comprenons, 
quand nous nous rappelons, etc.
C'est l'expérience que procure la méthode scientifique, une expérience de décentrement, de perte des repères.
C'est l'expérience de la méditation, de l'amour, etc.
Mais cette perte, cette disparition, ce décentrement
sont une immensification, une expansion.
Le pur néant, le rien nu,
c'est la plénitude du Moi, le Soi.
Toute négation est une affirmation indirecte.
Autrement, la conscience reste prisonnière du néant,
lequel n'est qu'un objet, car le néant reste un "cela" objectif,
résultat d'une extraversion.

C'est ce que clarifie le shivaïsme du Cachemire.
Ailleurs, cela reste obscur, caché, pour de bonnes et de moins bonnes raisons, sans doute.
Par exemple, dans ce passage d'un enseignement shivaïte tardif du Sud de l'Inde, influencé par le shivaïsme du Cachemire, mais sans l'assumer clairement :

ahaṃbhāvasya śūnyatvādabhāvasya tathātmanaḥ |
bhāvābhāvavinirmukto jīvanmuktaḥ prakāśate || 56 ||

ahaṃbhāvarāhityād ātmanaḥ ayamātmā brahma iti
prasiddhaparamātmano'bhāvasya tathā śūnyatvājjīvanmuktaḥ
svaparajñānaśūnyaḥ san amanaskatandrimudrāsthitaḥ śivayogī
bhāvābhāvavinirmuktaḥ ahamiti paricchinnadehāhaṃbhāvaḥ ātmā
nāstītyabhāvaḥ evaṃrūpabhāvābhāvaśūnyaḥ san svasvarūpeṇa prakāśate |
(Siddhântashikhâmani, XX, 56)

"Celui qui est vide de l'être (bhâva) Moi
et qui donc devient non-être (a-bhâva),
celui-là resplendit en sa liberté, en cette vie-même,
car il est délivré de l'être et du non-être. 

[Explication sanskrite] : Celui qui est dépourvu de l'être-Moi parce qu'il a réalisé le Soi ultime en comprenant que "Ce Soi est l'absolu", devient non-être car il est ainsi vide. Il est "libre en cette vie même", car il est vide de la perception "moi et les autres". Ce yogî uni à Shiva est marqué par l'empreinte du non-mental (amanaska). Il se dit qu'il est libre de l'être et du non-être, car il ne s'identifie pas à l'être d'un Moi délimité par un corps limité [il y a pour lui le non-être d'être un Moi limité...]. Ainsi délivré à la fois de l'être et du non-être, il resplendit en sa véritable essence."

Comme on voit, tout cela n'est pas limpide.

Je ne peux disparaître.
Ce qui disparaît, ce sont les limites.
Comment ?
En s'élargissant, du fini vers l'infini.

Le Soi déborde du corps.
Il n'exclut pas le corps.
Le Soi déborde de l'ego.
Il n'exclut pas l'ego.
Le Soi déborde de tout,
il n'exclut rien.

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