samedi 5 octobre 2019

Le Mantra de l'espace

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Adi Buddha Shivam, représentation de l’éveil atemporel (notez le cerf et la biche !


L'espace est "la reine des métaphores"
parce que l'espace, comme la conscience,
"est une sphère infinie
dont le centre est partout 
et la circonférence, nulle part".

Il y a un Mantra de Shiva qui est l'espace.
Les Mantras sont l'univers.
Ils sont le corps secret de Shiva,
de la conscience, l'espace dans lequel résonnent ces mots.

En sanskrit, il s'appelle Vyoma-vyâpî "qui pénètre le ciel", 
qui infuse tout comme l'espace.
C'est un Mantra essentiel dans le shivaïsme initiatique.

Voici ce Mantra "traduit" de la langue sanskrite :


Oṃ
Il infuse tout comme le ciel,
Pareil à un ciel sans nuages,
Il infuse tout,
Śiva,
L'infini,
Qui n'a pas de maître,
Sans point d'appuis,
Fixe,
Permanent,
Installé dans le sanctuaire du yoga,
Le yogin éternel,
Source de toute contemplation,
Oṃ hommage à Śiva,
Source de toute chose,
Bienveillant avec son visage de seigneur tourné vers le nord,
Sa bouche est inépuisable,
Son cœur est sécurité,
Son intimité est jeu merveilleux,
Son corps est né en un seul instant,
Oṃ,
Hommage à lui, secret plus que secret,
Lui qui cache,
Sans origine,
Détenteur de tous les yogas,
Lumière,
Seigneur suprême,
Transcendant,
A la fois conscient et inconscient,
Espace de tous les espaces,
Contenant de tous les contenants,
Sans forme au-delà même de ce qui n'a pas de forme,
Premier avant les premiers,
Lumière des lumières,
Vie des vies,
Sans solidité,
Sans chaleur,
Sans fumée,
Sans cendres,
Sans voix,
Un et multiple,
Frisson, frémissement, tremblement, spasme,
Oṃ terre
Oṃ ciel
Oṃ terre céleste
Lieu sans lieu,
Source de tout lieu,
Bon et pourtant immobile,
Soi suprême,
Grand Seigneur,
Grand Dieu,
Seigneur du réel,
Grand éclat,
Maître des yogas,
Il trompe les menteurs,
Il précède les premiers,
Cadavre de tous les cadavres,
Existence de l'existence,
Source de l'existence,
Source du bonheur pour tous les êtres,
Présent dans l'intime de tout,
Au-delà de Brahmā, Viṣṇu et Rudra,
Aimé par ceux qui ne sont pas aimés,
Loué par ceux que l'on méprise,
Présent avant ceux d'avant,
Témoin des témoins,
Plus rapide que les plus rapides,
Plus nu que ceux qui vont nus,
Or de l'or,
Sagesse de toutes les sagesses,
Verbe de toutes paroles,
Plus subtil que les subtilités,
Bon,
Immobile,
A lui, toujours,
Oṃ hommage à Śiva
Oṃ hommage à Śiva,
Hommage,
Hommage.

Il se chante en accord avec les phases de la lune, la respiration, etc. Pour le sanskrit, voici une version un peu différente de ce Mantra, selon la tradition Shâmbhava (une branche secrète de la Shrîvidyâ), chaque hommage est précède de Aim Klîm Sauh :

1. vyomavyāpine namaḥ
2. vyomarūpāya namaḥ
3. sarvavyāpine namaḥ
4. śivāya namaḥ
5. anantāya namaḥ
6. anāthāya namaḥ
7. anāśritāya namaḥ
8. dhruvāya namaḥ
9. śāśvatāya namaḥ
10. yogapīṭhasaṃsthitāya namaḥ
11. nityayogine namaḥ
12. dhyānahārāya namaḥ
13. sarvaprabhave namaḥ
14. īśānamūrdhāya namaḥ
15. tatpuruṣavaktrāya namaḥ
16. aghorahṛdayāya namaḥ
17. vāmadevaguhyāya namaḥ
18. sadyojātamūrtaye namaḥ
19. guhyātiguhyagoptre namaḥ
20. anidhanāya namaḥ
21. sarvayogādhikṛtāya namaḥ
22. sarvavidyādhipāya namaḥ
23. jyotirūpāya namaḥ
24. parameśvaraparāya namaḥ
25. tejastejase namaḥ

Au passage, sachez qu'il est considéré plus profond d'énoncer sans "om" ni "namah", etc. Ces interjections védiques sont proscrites, car elles relèvent de la "peur de la dualité" (dvaita-shankâ), de l'idéologie brahmanique du pur et de l'impur.

Ce Mantra est au centre de nombreuses pratique de yoga intérieur et il est au cœur de l'initiation.

Il a un équivalent dans le dzogchen/mahâyoga bouddhiste, le chant de Samantabhadra, le Bouddha qui s'est éveillé avant le samsâra ; popularisé par Longchen Rolpaï Dorjé sous le nom de "chant du Vajra". Il y a des variantes ici aussi, et une version de Samanta Bhadrî, la Bouddhette Primordiale.

Voici ce Mantra, qui n'est pas en sanskrit, mais dans uen sorte de langue "aishâ" (ésotérique), avec une sorte de traduction attribuée à Longchenpa, en anglais, trouvée sur l'excellent site d'Adam Pearcey, Lotsawa House :





The Song of the Vajra
From Longchenpa’s Treasury of the Supreme Vehicle1
ཨེ་མ་ཀི་རི་ཀི་རི། མཥྚ་བཱ་ལི་བཱ་ལི། ས་མི་ཏཱ་སུ་རུ་སུ་རུ། ཀུ་ཏཱ་ལི་མ་སུ་མ་སུ། ཨི་ཀ་རཱ་སུ་ལི་བྷ་ཏ་ཡེ། ཙ་ཀི་ར་བྷུ་ལི་ས་ལ་ཡེ། ས་མུནྟ་ཙརྻ་སུ་གྷ་ཡཻ། བྷེ་ཏ་ས་ན་བྷ་ཀུ་ལི་ཡཻ། ས་ཀ་རི་དྷཱུ་ཀ་ན། མ་ཏ་རི་བཻ་ཏ་ན། བ་ར་ལི་ཧི་སཱ་ན། མ་ཁརྟ་ཀི་ལ་ནཱཾ། སཾ་བྷ་ར་ཏ་མེ་ཀ་ཙརྟཾ་པ། སུརྻ་བྷ་ཏ་ར་ཨེ་པ་ཤ་ན་ས། རན་བྷི་ཏི་ས་གྷུ་ར་ལཱ་ས། མ་སྨིན་པ་གུ་ལི་ཏ་ཡ་ས། འགུ་རཱ་འགུ་རཱ་སག་ཁ་ར་ན་ལཱི། ན་ར་ན་རཱ་ཨི་ཐ་ར་པ་ཊཱ་ལ། སིར་ཎཱ་སིར་ཎཱབྷེ་ས་ར་ས་པ་ལཾ། བྷུན་དྷ་བྷུན་དྷ་ཚིཥ་པ་ཀེ་ལཾ། ས་སཱ། རི་རཱི། ལི་ལཱི། ཨི་ཨཱི། མི་མཱི། ར་ར་རཱ།
ema kiri kiri | mashta bhali bhali | 
samita suru suru | kundhali masu masu | 
ekara suli bhatayé | tsakira bhuli salayé | 
samunta tsaraya sughayé | bheta sana bhuku liyé | 
sakari dhukana | matari betana | barali hisana | makharta kilanam | sambhara tameka tsamtapa | 
surya bhatare pashanasa | ranabhiti saghu ralapa | masminsa guli tayapa | ghura ghura saga kharnalam | nara nara ithar patalam | sirna sirna bhesa raspalam | bhundha bhundha cisha sakelam | sasah | ririh | lilih | 
i ih | mimih | ra ra rah |
ཞེས་ཉི་ཟླ་ཁ་སྦྱོར་ལས་བཤད་པ་ལྟར་ཆོས་ཉིད་ཀྱི་གླུ་ཀུན་བཟང་ཡབ་ཡུམ་གྱི་དགོངས་པ་བླངས་ཏེ།
As explained in the Tantra of the Union of the Sun and Moon, this dharmatā song evokes the wisdom of Samantabhadra in union. As for its meaning:2
མ་སྐྱེས་པས་ན་མི་འགག་ཅིང་། །
makyepé na mingak ching
Without birth and so without cease,
འགྲོ་དང་འོང་མེད་ཀུན་ཏུ་ཁྱབ། །
dro dang ongmé küntu khyab
Not coming or going, but filling all,
བདེ་ཆེན་ཆོས་མཆོག་མི་གཡོ་བ། །
dechen chö chok miyowa
Blissful dharma sublime and unmoving,
མཁའ་མཉམ་རྣམ་གྲོལ་གོས་པ་མེད། །
khanyam namdrol göpamé
Sky-like, freed and without stain,
རྩ་བ་མེད་ཅིང་རྟེན་མེད་ལ། །
tsawamé ching tenmé la
Rootless, and also without support,
གནས་མེད་ལེན་མེད་ཆོས་ཆེན་པོ། །
nemé lenmé chö chenpo
Homeless, unattached, a dharma profound,
ཡེ་གྲོལ་ལྷུན་མཉམ་ཡངས་པ་ཆེ། །
yedrol lhün nyam yangpa ché
Ever free, ever vast, equality effortless,
བཅིངས་མེད་རྣམ་པར་བཀྲོལ་མེད་པ། །
chingmé nampar trol mepa
Subject to neither bondage nor liberation,
ཁྱབ་གདལ་ཁང་བཟང་ཡེ་ཡོད་ཉིད། །
khyab dal khang zang yé yö nyi
An ever present palace encompassing all,
ཁྱབ་མཉམ་པ་ལས་རྣམ་འདས་པ། །
khyab nyampa lé nam depa
Beyond the equivalence of logic and reason.
ཡངས་སོ་ཆེའོ་ནམ་མཁའི་དབྱིངས། །
yang so che o namkhé ying
So vast, so grand, the space of the sky!
ཆོས་ཆེན་འབར་བ་ཉི་ཟླའི་དཀྱིལ། །
chö chen barwa nyidé kyil
Blazing dharma, the core of the sun and the moon,
ལྷུན་གྱིས་གྲུབ་དང་མངོན་སུམ་པ། །
lhün gyi drub dang ngönsum pa
Instant presence, now it’s so plain to see,
རྡོ་རྗེ་རི་བོ་པདྨ་ཆེ། །
dorjé riwo pema ché
A mountain of vajra, a lotus so immense
ཉི་མ་སེང་གེ་ཡེ་ཤེས་གླུ། །
nyima sengé yeshe lu
The sun, a lion, this wisdom song.
སྒྲ་ཆེན་རོལ་མོ་མཚུངས་པ་མེད། །
dra chen rolmo tsungpamé
A sound so great, a music beyond compare,
ནམ་མཁའི་མཐའ་ལ་ལོངས་སྤྱོད་པ། །
namkhé ta la longchö pa
A pleasure reaching to the ends of space,
སངས་རྒྱས་སངས་རྒྱས་ཀུན་མཉམ་ཞིང་། །
sangye sangye kün nyam shying
A buddha equal to all of the buddhas,
ཀུན་བཟང་ཡངས་པ་ཆོས་ཀྱི་རྩེ། །
kunzang yangpa chö kyi tsé
Samantabhadra the vast, the peak of the dharma,
མཁའ་དབྱིངས་བཟང་མོའི་དབྱིངས་རུམ་དུ། །
khaying zangmö ying rum du
In the womb of Samantabhadrī, her sky-like space,
ཀློང་གསལ་ལྷུན་གྲུབ་ཡེ་རྫོགས་ཆེ། །
longsal lhündrub yé dzok ché
Open clarity, instantly present—the ever great perfection!
ཅེས་པའི་དོན་ཏེ། སེམས་ཉིད་ཁྱབ་གདལ་ཡངས་པའི་ངང་ནས་བླང་ངོ་། །
Sing this while remaining within the all-pervasive expanse of mind’s nature.

| Lhasey Lotsawa (trans. by Peter Woods and Stefan Mang), 2018.

Une mélodie de ce chant :

1 commentaire:

  1. Gloire de toutes les gloires !

    Le lion n'a pas finit de rugir.

    David, merci.

    RépondreSupprimer

Pas de commentaires anonymes, merci.

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