Pourtant, Fabrice Midal est un écrivain d'une sensibilité extraordinaire. De plus, il n'est nullement aveugle en ce qui concerne les dérives du bouddhisme. En revanche, j'ai du mal à comprendre pourquoi il est si complaisant à l'égard de Trungpa. Pas une once de regard critique dans la bio(hagio ?)graphie qu'il lui a consacré, ni dans cette page wikipédia... Trungpa est un personnage certes fascinant, plein d'audace, d'une créativité assez rare en religion. Mais il a aussi une face sombre. Le Soleil du Grand Est serait-il le seul à ne pas faire d'ombres ?
On entend les femmes s'ébahir et pousser de petits cris devant la Princesse (un bébé certes, mais déjà nommée "la Dragonne Au Cœur Noble" !). L’Impératrice n'est pas en reste. Une disciple américaine confie que "d'une certaine façon, le simple fait de la regarder assise sur son trône est suffisant (pour atteindre l’Éveil)".
Les personnes en costume militaire sont membres du Dorje Kasung de l'organisation Shambhala fondée par Trungpa.
Chogyam Trungpa déguisé en "Dragon Empereur de la Terre" (Druk Sakyong)
Cette organisation paramilitaire n'est, bien évidement, pas une armée ou une milice ordinaire. Sa raison d'être est "de faire la guerre à la guerre" dans une perspective d'alchimie tantrique ou les pathologies mentales sont employées pour guérir de ces mêmes pathologies. Guérir le mal par le mal, grande idée du bouddhisme universel du Mahâyâna, fondé sur une compassion sans mesure. En pratique, ces miliciens servent de gardes du corps à l'Empereur et sa famille (considérés comme les seigneurs du royaume mythique de Shambhala) ainsi qu'aux événements de l'organisation. Mais même en sachant cela, il me semble que l'on peut s'interroger sur le projet Shambhala lui-même, dans la mesure où il refuse toute séparation du pouvoir temporel et du pouvoir spirituel. On est loin de l'islamisme, c'est certain, mais ce projet est néanmoins discutable. Et, à titre personnel, je suis toujours étonné de voir l'amour qu'ont les hommes pour les uniformes, les hiérarchies, les médailles et la marche au pas.
Fabrice que j'ai connu par ailleurs a été étudiant et enseignant dans ce qui s'appelait à l'époqu, non pas Shambala mais Vajradathu. C'est pour ainsi dire là où il a été formé dans ce vaste monde qu'est le bouddhisme.
RépondreSupprimerTrungpa avait en effet des côtes sombres dont il ne se cachait pas.