mardi 14 juin 2011

Et les moustiques alors ?

Le monde vu par un moustique (posé sur la paupière d'un physicien autrichien endormi)



Duc se demande où situer les tiques et autres moustiques si tout est dans la conscience, fait de conscience. On peut difficilement faire plus débile qu'une tique... Il se trouve que je suis en train de traduire La Lumière que je suis, de J.C. Amberchele, et j'en arrive au passage suivant :


Tous voient avec l'Œil unique de Celui Qui Voit

D. E. Harding

Quand je suis tombé sur la Voie Sans Tête pour la première fois, je n'avais aucune difficulté à voir la vacuité en mon centre. Mais rétrospectivement je crois que je tenais pour acquis le postulat selon lequel cette vacuité avait en réalité la taille de ma tête, suffisamment petite pour loger dans les limites de cette caboche que je continuais de transporter partout où j'allais.

Ce n'est pas ainsi que sont les choses, bien entendu. Quoi qu'elle puisse être, cette vacuité n'est pas petite. En fait, il n'y a rien dans l'univers, pas même l'univers, qui ne trouvera pas assez de place ici, dans cette capacité vide. Comment pourrait-il en être autrement ? Quoi d'autre qu'un Rien sans limites pourrait accueillir les limites de toutes les choses ?

Ce qui m'amène au moustique que j'ai attrapé dans un bol en plastique l'autre jour. Il avait parcouru le plafond de ma cellule, sans doute qu'il m'examinait comme source potentielle de nourriture facile, mais il s'est finalement posé sur le mur et j'ai réussi à le piéger. C'est alors que je commençais à l'examiner que j'ai réalisé que le moustique percevait son monde comme je percevais le mien. Pas, bien sur, avec le même équipement ni avec les même résultats, ni même du même point de vue, mais bien depuis cette Vacuité grande ouverte que nous sommes tous deux. Ici, ma vision était sans limites ; celle du moustique aussi. Ma vision était vacante, éveillée, impersonnelle, et remplie par la scène ; de même celle du moustique. Et pourquoi ces deux visions étaient une même vision ? Parce qu'il n'y avait rien Ici pour les distinguer ! "Absence de chose"[1], est à prendre au pied de la lettre - pas une chose. "Éveillé" est à prendre au pied de la lettre - éveillé. Il n'y a pas de degrés, pas de quantités ni de qualités Ici. Ma Vacuité n'était pas de la taille d'une tête et le moustique n'était pas de la taille d'un moustique. Il n'y avait qu'une Vacuité indicible à partir de laquelle toute chose surgit et en laquelle toute chose retourne.

Inutile de vous dire que j'ai transporté le moustique hors de ma cellule et je l'ai relâché. Mais juste comme ça, je lui ai demandé de ne plus revenir se nourri sur mon dos.

J.C. Amberchele, The Light that I Am, Notes from the Ground of Being, Non-Duality Press, p. 11

[1] Jeu de mot : no-thing.

P.S. : je suis d'accord avec Duc : pas de Dieu-Providence.

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