Déconstruire... pour quoi ?

Les toutes premières paroles du Veda

La pensée contemporaine (post-moderne, déconstruction, pragmatisme, constructivisme, relativisme) est caractérisée par l'envie de montrer que tout est construit, que donc tout est illusion. La voix de la conscience, par exemple, ne serait que le produit d'un conditionnement social, l'écho d'expériences infantiles ou autres choses du même genre.

Nous éprouvons alors un sentiment doux-amer : d'un côté, nous pressentons qu'il est bon de démystifier, de dénoncer l'illusion, d'analyser les rouages, de mettre en lumière les coulisses, afin de ne plus être dupes. Mais d'un autre côté, nous restons souvent sur notre faim. A quoi bon détruire l'illusion ? Pour laisser place à quoi ? D'où un avis partagé sur les entreprises de démystification : d'un côté, nous sommes réveillés ; de l'autre, nous sommes perdus. Sans repères. Et un peu affamés.

Pour comprendre ce sentiment, légitime à mon avis, il faut bien voir que la démystification n'est qu'un moyen. Or un moyen suppose une fin. Un but.

Il y a dès lors deux sortes de démystification, parce qu'il y en a deux usages possibles.

Soit l'on démystifie pour démystifier. On déconstruit, on détruit. Sans rien reconstruire. Sans rien révéler. On nie sans rien affirmer en contrepartie. On débouche alors sur un nom sans réalité : le nihilisme.

Soit l'on démystifie pour révéler le mystère. On déconstruit pour construire autrement. Pour pointer quelque chose de réel, d'essentiel. On débouche alors sur une réalité... sans nom.

La dénonciation de l’illusion n'est bonne que si elle débouche sur un bien. Elle n'est pas bonne en soi.

Voici un documentaire en anglais sur le Vedânta contemporain et la redécouverte du lieu de naissance de Shankara. Sa vie est racontée en sanskrit par son "pape" actuel. A regarder avec discernement. Mais aussi avec plaisir et admiration. Comme les autres documentaires et films sur le sujet, c'est un bel aperçu sur le mode de vie brahmanique :