vendredi 10 octobre 2014

La méditation consiste t-elle à ressentir quelque chose ?


Suite des conseils de méditation d'un moine du Grand Siècle :

"Le quatrième [défaut de la méditation] est que nous désirons Dieu, car tout désir marque en nous du vide, et de l'imperfection, et étant dans le désir, nous ne sommes pas dans la possession et la jouissance.

Donc pour remède, possédons continuellement Dieu notre bien souverain et infini, tout et uniquement présent, qui nous remplit tous de tout lui-même, et qui se donne à nous en jouissance et fruition très admirable, en tant que la condition de cette vie le peut permettre et ne veuillons jouir de lui qu'en la manière qu'il lui plaira.

Le cinquième [défaut] est, que nous jetons notre regard comme de nous-mêmes en Dieu, et par ainsi nous faisons quelque mouvement et acte propre pour tendre à Dieu.

Donc pour remède, demeurons continuellement unis à Dieu, par un regard sur lui comme sur le seul être existant, et par l'anéantissement de nous et de tous nos actes propres, comme venant de nous. Et par ainsi ce notre regard sera un regard non pas actif, mais passif et infus, tiré de Dieu hors de nous sur lui : de sorte que nous demeurerons toujours en notre rien.

Le soleil en son midi frappant par ses rayons un cristal transparent, il le pénètre intimement, et l'éclaire de toutes parts. Et par son efficace il tire de lui vers soi une splendeur réciproque, et cette splendeur réciproque du cristal vers le soleil est, non pas tant du cristal comme du soleil, lequel en frappant, pénétrant et illuminant le cristal, lui fait jeter et réciproquer cette splendeur vers soi. 

De même Dieu jetant ses regards amoureux sur l'âme, dardant ses lumières favorables sur elle, et la prévenant et comblant de ses grâces efficaces, il tire d'elle par sa vertu infinie des regards très intimes d'un amour réciproque, lesquels en vérité ne sont pas tant de l'âme comme de Dieu, lequel étant tout esprit, vie et lumière, prévient, pénètre, illumine et embrasse divinement l'âme."

Simon de Bourg-en-Bresse, Les Saintes élévations, 1657


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