Les âges de la conscience, sous l'angle de la connaissance.
Un peu aride en apparence,
mais infiniment savoureux en fait.
Entre deux pensées, deux images, deux respirations, deux expériences, le fond de pure conscience se révèle à nu, tel le ciel entre deux nuages.
L'être ordinaire ne voit que les nuages. Il ne prête aucune attention aux intervalles. "Le ciel bleu ? Connais pas"... Si on le lui fait remarquer, il répond : "Oui et alors ? C'est le néant. Sans intérêt !"
Sa vraie nature se révèle donc à lui seulement comme pensées, comme une série d'expériences, et il en est l'esclave. "C'est la vie".
Le yogi reconnaît que son essence se dévoile entre les nuages. Il savoure le nectar des intervalles de silence, il sait que là est le trésor, son essence réelle. Aussi essaie t-il de faire durer ces intervalles. Mais les nuages finissent toujours par revenir... Et quand ils reviennent, le yogi a l'impression de retomber dans l'état ordinaire, esclave des pensées, où la lumière est cachée par les nuages.
Pourquoi ? Parce qu'il a reconnu sa vraie nature,
mais pas complètement.
Dans son cas, les intervalles de pure conscience ne sont pas la réalisation ultime, mais seulement des expériences temporelles et donc temporaires. Dès lors, sa reconnaissance incomplète est une construction imaginaire : il conçoit la pure conscience par opposition aux pensées et autres expériences ; il conçoit le ciel immaculé par opposition aux nuages.
Les nuages sont des concepts, des constructions produites par exclusion d'un contraire - les nuages blancs s'opposent aux nuages blanc, par exemple.
De même sa "pure conscience" est un concept, c'est-à-dire le produit d'une exclusion, à savoir, l'exclusion des nuages.
Alors qu'est-ce que l'éveil complet ? Qu'est-ce que la reconnaissance complète ?
C'est reconnaître que les nuages n'excluent pas le ciel.
La substance du ciel est-elle "repoussée" par les nuages, à la manière des cailloux dans l'eau qui "repoussent" l'eau ? Non.
Le ciel est aussi bien dans les nuages que dans le ciel bleu. Par une gouttelette d'eau, nulle partie qui ne soit imbibée d'espace. De même, les pensées et autres expériences sont dans la pure conscience. Même l'aveuglement de la conscience à sa véritable nature est tout entier dans la conscience, comme un rêve qui est tout entier dans l'esprit du dormeur. Les nuages sont donc le ciel. Pas d'autre source. Les pensées sont la conscience, pas d'autre substance.
L'éveil complet, c'est reconnaître cela.
La conscience est le ciel bleu.
Les pensées, expériences, images et autres points de référence sont les nuages.
D'abord la conscience ne voit que les nuages, se prenant pour un groupe de nuages parmi d'autres, opposé aux autres. Elle s'oublie dans ce jeu d'identification.
Puis la conscience se reconnaît partiellement - comme ciel bleu entre les nuages.
Enfin la conscience se reconnaît entièrement, comme ciel qui se manifeste en nuages, unité sans confusion, inexplicable.
Les nuages sont toujours là, mais ils n'ont plus le pouvoir d'interrompre l'être-ciel. De plus, il n'y a plus d'identification à un nuage à l'exclusion des autres. En fait, il n'y a plus d'identification aux nuages, ni au ciel bleu, car ce sont des identifications, des concepts, des exclusions, des oppositions. Le ciel ne s'oppose ni aux nuages, ni à rien. Alors, peu à peu, les nuages changent. Ils tendent à s'éclaircir. Mais cela ne peut être décrit, car cette expérience ne s'oppose à rien.
D'abord, que les nuages.
Puis, que le ciel bleu.
Enfin, ciel et nuages en harmonie.
Dans tout cela, ce qui est donné ne change pas : ciel et nuages.
Seule l'attention évolue.
L'attention est le pouvoir de la conscience qui, finalement, ne fait qu'un avec la conscience.
Merci pour cet article qui a la clarté des enseignements d'un Rupert Spira ou de son maître Francis Lucille.
RépondreSupprimerCe dernier d'ailleurs file la métaphore du ciel et des nuages dans cette vidéo:
https://www.youtube.com/watch?v=1FYPF_U0d4Q&feature=player_detailpage