Le silence intérieur est le fond de la vie intérieure. Comme on l'a souvent dit, on ne vit pas ainsi comme un zombie ou comme un homme plongé dans la torpeur, mais au contraire la vie se révèle plus vive, fraîche et nette, à l'image d'un miroir limpide, débarrassé de sa poussière.
Au coeur de ce ciel immaculé de légèreté magique, bat un cœur, celui de l'amour. Le corps et toutes choses sont vécus comme un prolongement de cet amour, cet amour nu.
La vie intérieure est donc celle d'un coeur qui bat dans l'infini.
Sans le silence, ce coeur battant devient la vie ordinaire, avec ses hauts et ses bas, ses rythmes sans harmonie, ses angoisses, ses souffrances.
Mais aussi, sans ce coeur battant, le silence glisse vers la dépression, ou le rejet du monde et du corps, ou bien le silence est chosifié.
La vie intérieure complète est ce vide vivant d'amour.
Ainsi la décrit un moine capucin du XVIIe :
"...cette annihilation [de l'âme dans l'infini vivant] est si parfaite et habituelle en ce degré-ci, que, toutes choses parfaitement réduites à rien, elle demeure comme suspendue en une immense vacuité ou nihilité, sans pouvoir voir ni appréhender aucune chose, ni même elle-même. Cette infinie vacuité ou nihilité ressemble à la sérénité d'un ciel sans images, et est une déiforme lumière."
Tel est le silence. Indicible. Maintenant l'amour au coeur de ce silence :
"Or en cette lumière est aussi l'amour (non autre chose) qui doucement enflamme, brûle et allume l'âme, et ce si secrètement, simplement et intimement qu'elle ne cause nul mouvement de l'âme qui puisse empêcher cette sérénité, mais au contraire, elle en est si subtilement agitée et si doucement éprise qu'elle se fond, liquéfie et s'évanouit davantage, et que sa tranquillité et sérénité est augmentée."
Benoit de Canfield, La Règle de perfection, VII
Par ailleurs, je recommande ce manuel, d'une extrême profondeur, aide précieuse sur cette voie de l'inconnu.
Ce livre dans une édition moderne, où le texte originel est restitué, sans les mutations dues à la censure de l'Eglise romaine.
Sur Google, une édition ancienne, mais amendée. Ce qui nous intéresse ici, ce sont les quinze premiers chapitres de la troisième partie. Sur édition-ci, cinq chapitres ont été ajouté sur la Passion du Christ, pour prouver l'orthodoxie de l'auteur, suite au scandale que les propos sur la vacuité avaient provoqué :
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