On sait que pour Descartes, la volonté est infinie.
Elle est un pouvoir d'accepter ou de refuser qui ne se laisse borner par rien. Elle est libre, au-dessus de tout, à l'image de Dieu. La volonté est donc la marque de Dieu en nous, ce qui fait que l'humain est "à son image et ressemblance".
D'un autre côté, notre entendement est fort borné.
Une volonté infinie et un entendement fini...
D'où nos errements.
Mais la volonté est infinie. En un sens, elle est Dieu.
Un peu avant Descartes, un jésuite nommé le Père Coton, mort en 1626, disait à Dieu :
"En cela [=en cette volonté infinie] vous m'avez particulièrement formé à votre image et ressemblance, que je puisse vouloir tout ce que vous pouvez vouloir ; et comme votre puissance est infinie d'étendue, la capacité de ma volonté l'est aussi.... Je pourrai bien appliquer ma volonté sur quelque objet, mais c'est en tant que la votre s'y trouve, et non autrement".
Extrait de l'Intérieure occupation d'une âme dévote, 1608
D'un point de vue mystique, cela signifie que Dieu se goûte par la volonté, c'est-à-dire par l'amour. Ici "volonté" ne désigne pas seulement l'effort contre ce qui me résiste, mais surtout l'élan vers le Bien, vers ce qui me comblera, c'est-à-dire Dieu.
L'amour est la voie vers Dieu.
On peut comparer cette affirmation, développée à l'extrême par les Franciscains, à la description tantrique du "premier instant du désir" (prathama-tuti) et à la volonté (icchâ). Cet élan pur de toute-possibilité se ressent "dans la région du cœur" au moment d'un fort choc émotionnel.
C'est en cette absolue présence d'énergie, d'amour et de félicité qu'il faut se plonger,
comme un bouchon jeté dans un puissant fleuve pour rejoindre la vaste mer.
Les mystiques de tous temps et de tous lieux témoignent de la même Source.
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