La vie intérieure est une succession de morts et de renaissances, de vides et de plénitudes.
Après le vide où l'on meurt à une façon d'être, on renaît à une autre. Voici laquelle : dans cette vie nouvelle, la personne ne vit plus par elle-même, mais le divin vit à travers elle. Cela n'est pas vu des autres, mais sa vie intérieure est toute différente. Elle ne fait plus rien, mais Dieu fait à travers elle, car elle est vide, disponible, ouverte aux impulsions de la grâce, de sorte que
"Dieu ne trouvant plus d'entre-deux ni de milieu entre soi et elle... elle se va plonger tout soi-même dans le sein de cette mer d'amour, créée à la vérité, mais pourtant qui n'a point d'autres limites que celles de l'infinie bonté de Dieu... Cette créature est engloutie et abîmée par l'amour infini et incompréhensible de son Dieu dans le sein de la divinité, qui est le principe et le centre de tout être créé, et où les esprits bienheureux et vraiment amoureux recoulent, reposent et sont unis par le lien d'une charité admirable."
Mais cela ne revient pas à dire que cette personne soit merveilleuse et parfaite aux yeux des autres : "Ce n'est pas à dire que tout ce qu'on fait [dans cet état] soit toujours bien trouvé de tout le monde : au contraire, il s'en trouvera toujours plus qui trouvent à redire dans les façons de faire de ceux que Dieu tient dans cet état, qu'il ne s'en trouvera qui les approuvent."
Maur, Sanctuaire de la divine sapience, p. 125
L'auteur explique qu'il y a à cela deux causes : premièrement, les mouvements de la grâce sont inconnus à ceux qui s'en détournent. Et deuxièmement, Dieu laisse les personnes qui vivent en lui et par lui être méprisée, afin qu'elle ne sombrent pas dans la mégalomanie spirituelle...
Mais l'essentiel est qu'on peut dire que cet état est un même état avec Dieu, un état d'union où la personne se laisse librement posséder par la liberté divine.
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