La vie intérieure - ou comme on voudra l'appeler - est une invasion. Un envahissement de notre néant par l'intensité divine. D'ordinaire, nous sommes possédés par un masque, des habitudes, des mécanismes, des plis où l'énergie divine semble devenir inerte, à l'image d'un pantin dont nul ne tirerait les ficelles.
Car le paradoxe est inévitable : c'est Dieu qui s'oublie ainsi. C'est Dieu qui joue à être prisonnier de cette mascarade, de ce mauvais rêve, de cette fièvre folle.
La vie intérieure est alors un retournement, un ressaisissement, un arrachement, une révolte, un contre-exorcisme, un rétablissement, une réflexion, un réveil. Nous nous ébrouons, nous éveillant comme d'un long sommeil enchanté. La cause de ce réveil est libre, donc insondable, comme l'est la cause de l'aveuglement.
Mais il y a une gloire, une victoire : jaya en sanskrit, victoire qu'Outpaladéva chante dans un Hymne à la gloire.
A la fin de cette célébration, le poète est à bout de souffle, il n'en peut plus, et l'inévitable survient : comme un barrage qui cède enfin, il se laisse submerger par la gloire, par la grâce, par l'inespéré, par ce je-ne-sais-quoi sans lequel le rien lui-même ne serait rien.
Il ne s'arrête plus : jaya jaya jaya...
Le cœur palpite, devenu adoration.
Sa vie est remise entre les mains de celui qui est la Vie.
Kshémarâdja explique : "La répétition de 'gloire, gloire' suggère l'impuissance de celui qui crie ainsi, totalement possédé par le Seigneur suprême".
Gloire, oui, victoire, car l'Amour est plus fort que la Mort et que tous ses fantômes.
Plus moi que moi-même, il est plus fort que moi, seul à pouvoir me vaincre.
Il faut et il suffit de se convertir.
Encore et encore.
jaya jaya jaya....
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