Le Nouvel Age ou New Age est-il une religion, ou bien un phénomène radicalement nouveau ?
La question se pose car, malgré l'absence d'institution ou d'église, on observe quand même des traits religieux.
Suite au relâchement de
l'emprise de l'Eglise catholique sur les consciences, de nouvelles religions apparaissent peu à peu.
On peut distinguer deux grands
mouvements :
1) du début XIXe (romantisme) jusqu'à mai 68, l'occultisme. Le modèle
social, grégaire, reste important (par exemple la Société
Théosophique), peu de transgression sexuelle ou morale.
2) Après mai 68 (mais sans
rupture nette, les grandes sectes des années 70 peuvent être vues comme les
derniers soubresauts de l'ancien modèle), un second mouvement, le Nouvel Age (NA), plus individualiste, centré sur des valeurs de consommation.
Le modèle
commercial s'impose alors. En l'absence d'institution ou d'église, l'entreprise prend
le relais : ce ne sont plus des sociétés religieuses qui structurent la vie,
mais des entreprises commerciales ou des libre-entrepreneurs. Les structures deviennent
invisibles ou discrètes, d'où l'impression d'une organisation informelle, à la fois très visibles (logos, slogans, marques, visages charismatiques) et discrètes, exactement comme dans les transactions de type commerciales.
En
réalité, le NA est bien une religion organisée autour de dogmes (croyances
obligatoires, sous peine d'exclusion) et de hiérarchies, mais ces dernières sont discrètes, incarnées
davantage dans des entreprises pourvoyeuses de services à des clients. La
relation prêtre-croyant est remplacée par la relation vendeur-client,
aujourd'hui banalisée à l'extrême. Nul ne remet en question ce modèle. De l'argent
contre un service. L'ensemble du NA s'est adapté aux exigences du commerce :
inculture, novlangue, thérapie, innovation, etc. Pour assurer son succès, le NA
reprend des symboles et des mots des traditions ou même des Lumières et de la
science, mais en en pervertissant le sens : instant présent, Soi, Providence, progrès,
cosmos, quantique, énergie, vibration, initiation, alchimie, réincarnation,
etc. Là encore, le NA imite un modèle commercial.
De plus, même si le groupe n'a plus une existence aussi formelle que dans l'ancien modèle, l'aspect grégaire ne disparaît pas. Il continue d'exister, mais à travers des moyens nouveaux, notamment Internet et les réseaux sociaux. Dans ces derniers, comme dans les stages et autres formes de rassemblement, on constate les mêmes comportements que dans n'importe quelle église : il faut montrer patte blanche en témoignant une adhésion à des dogmes et des autorités, l'esprit critique est systématiquement dévalorisé.
Le NA, dans son acception la plus large, est donc bel et bien une religion, ou disons qu'il relève du fait religieux, mais adapté à la domination nouvelle du modèle commercial de rapport entre les individus.
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