D'après Hésiode, la première naissance a été celle de Chaos :
Puis Terre aux larges flancs,
assise sûre à jamais offerte à tous les vivants,
et Amour...
Il dit donc que, après Chaos, ce sont ces deux-là qui sont nés : Terre, Amour.
Platon, Banquet, 178b, trad. L. Robin
Chaos est Bhairava, l'unité achevée de Shiva et Shakti.
Terre est le Silence : transparence nue, absolu immobilité intérieure, le Sceau Béat de Shiva, émerveillement muet, "comme un enfant devant un tableau", vérité stable qui ne s'écarte jamais de soi, espace sans limite dans lequel tout apparaît et disparaît comme des myriades de bulles de Clairette.
Amour est le Désir : élan sauvage, ressaisissement de soi et écart de soi, tout à la fois, décalage et reprise infinies, frémissement, mouvement immobile, extase façon toupie, paradoxe de l'étonnement d'être, vertige de la perte et de la reprise, Soi-se-crée-comme-non-Soi-au-moment--même-d'être-soi...
Ainsi sur la terre "plate" (prithu en sanskrit) et déployée (prathitâ), c'est-à-dire dans l'immensité de la Lumière illuminante (prathâ), joue Amour, le désir originel (kâma-tattva) souverain aux mille visages, fils de Pauvreté et d'Habileté, à jamais insatiable donc.
On pourrait gloser à l'infini.
C'est ce que font tous les vivants
et même les étoiles.
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