La "loi d'attraction", vieille idée de la Pensée Nouvelle, ancêtre du Nouvel Âge, affirme qu'il nous arrive ce que nous désirons.
Autrement dit, nous créons notre réalité.
Mais qui crée ?
Là est l’ambiguïté.
Est-ce le mental/l'esprit individuel ?
Ou est-ce la conscience universelle ?
En Inde, une école bouddhiste a défendu la thèse selon laquelle c'est l'esprit individuel qui crée son monde. Totalement. Jusqu'au moindre atome.
Cette école a été très influente. Elle a inventé les idées de base du yoga, du tantra et, indirectement, de la Loi d'Attraction.
Mais ses limites l'ont conduite à être dépassées par des systèmes non-bouddhistes. Sa limite principale, c'est l'impossibilité d'expliquer notre monde commun, s'il est vrai que nous sommes, chacun, en train de rêver de notre côté. Même en admettant un passé immémorial commun (mais où ? dans quel monde ?) et donc des habitudes communes, il reste difficile d'expliquer la communication entre les individus. Un philosophe de cette école, Vassoubandhou, a proposé l'hypothèse de la télépathie : Quand un homme en tue un autre, par exemple, c'est simplement qu'il a réussi à le lui faire croire. Tout est habitude mentale, autrement dit "croyances". Mais même cela reste difficile à expliquer dans un monde où nos rêves restent séparés, faute d'une base commune. Evidemment, comme c'est un système bouddhiste, l'hypothèse d'une conscience universelle était tabou.e.
Cette école a donc inspiré d'autres pensées, plus libres d'explorer ses possibilités. C'est le cas du shivaïsme du Cachemire et du Yoga selon Vasishtha, un immense poème non-dualiste (mais non védântique) de près de 30 000 versets, dont j'ai traduit une version abrégée. Selon ce dernier, chacun crée un monde par son imagination. Et les individus qui peuplent ce monde peuvent à leur tour imaginer, mais dans les limites du monde que nous avons imaginé. C'est un système en poupée russe où les rêves s'emboîtent sans fin. Les lois du monde sont les lois du mental qui nous a rêvé. Et nous sommes les législateurs du mondes que nous rêvons. Mais tout cela est possible parce qu'il existe une seule conscience universelle qui unifie ces rêves. Sans quoi ce serait le chaos. Toutefois, ce texte ne développe pas ce dernier point.
C'est la philosophie de la Reconnaissance, au sein du shivaïsme du Cachemire, qui va le faire dans le Poème pour reconnaître le Maître en soi (Îshvara-pratyabhijnâ), composé par Outpala Déva, et que j'ai traduit en 2005. Ce puissant mystique et profond philosophe y démontre les limites de la pensée bouddhiste. Oui, tout est rêve, mais nos rêves individuels sont articulés entre eux par la conscience universelle ou, disons, transpersonnelle. Autrement, rien ne serait possible.
De plus, le modèle du rêve est problématique, car un rêve est basé sur le passé : il est le prolongement des habitudes personnelles. Mais, si tout est dans la conscience, d'où viennent ces habitudes ? Le bouddhisme, cantonné dans sa vision mécaniste du réel, ne répond pas à cette question. La philosophie de la Reconnaissance, elle, répond que cette diversité de phénomènes qu'on appelle un "monde" est une libre création de la conscience. Le monde n'est pas la simple répétition d'un passé. C'est une création où il y a du nouveau, de l'imprévisible, car la conscience est liberté créatrice.
La conscience est activité, activité de mise en relation, de synthèse, de séparation et d'unification. Cette intuition que la conscience est activité est le cœur du shivaïsme du Cachemire.
Dès lors, l'individu, en lui-même, ne crée qu'à l'intérieur de la création universelle. L'individu est, en son fond, libre conscience, sans quoi il ne pourrait rien créer du tout. Mais il est conscience contractée, conscience qui s'ignore partiellement. Il se connaît libre dans l'esprit et le corps, mais non pas en toutes choses. Sa liberté est limitée car sa conscience est incomplète.
Et quand l'individu agit, il s'immerge brièvement dans la conscience universelle, mais il ne le reconnaît pas, et il s'attribue cette efficience de son action, alors que rien, absolument rien, n'est possible sans conscience.
En réalité, l'individu est conscience universelle, mais librement limitée car identifiée à un corps-esprit. Mais la conscience reste libre de s'éveiller à elle-même. Elle gagne alors en pouvoir à mesure qu'elle entre en expansion.
Ce n'est donc pas l'individu qui crée le monde. C'est la conscience universelle, ou Dieu en langage dualiste, qui crée. L'individu crée une création seconde, mentale, imaginaire et plus ou moins limitée, dans les limites justement des lois librement crées par la conscience universelle. L'individu est conscience, mais s'il se reconnaît conscience universelle, il n'est plus tout à fait individu.
Et, si nous revenons à la croyance de la Loi d'Attraction, il est clair que le mental, c'est-à-dire la conscience contractée, ne saurait mettre à son service la conscience universelle au-delà des décrets de cette conscience universelle elle-même. En d'autre termes, l'individu ne saurait utiliser Dieu. Il peut seulement l'adorer ou bien reconnaître que sa propre essence est divine, c'est-à-dire qu'elle est conscience libre.
Et donc, pratiquement parlant, la Reconnaissance ne reconnait pas l'existence d'une quelconque "Loi de l'Attraction", avec ou sans majuscule. Seule la conscience est créatrice. La conscience individuelle peut certes créer, mais seulement dans ses mondes imaginaires, qui sont comme les créations divines, mais qui sont très limitées. En somme, c'est le point de vue du "bon sens" commun.
Bien sûr, l'individu peut s'adresser à Dieu, à sa propre conscience en vérité, sous une forme appropriée à ses désirs. La conscience est "le joyau qui exauce les désirs" en prenant une forme conforme à nos désirs. Cette forme est une icône anthropomorphe, dotée des attributs symbolisant ce que l'adepte désire : un dieu ou une déesse. Mais le shivaïsme du Cachemire n'encourage pas ce genre de pratique, pourtant très courante dans le tantrisme. De plus, il en souligne les limites. Prier ainsi (fut en "récitant un mantra") n'a jamais qu'une efficacité limitée. En tous les cas, il n'est jamais promis que "l'univers répond à nos pensées", ni que les pensées positives se traduisent par des événements positifs.
Bien sûr, l'individu peut s'adresser à Dieu, à sa propre conscience en vérité, sous une forme appropriée à ses désirs. La conscience est "le joyau qui exauce les désirs" en prenant une forme conforme à nos désirs. Cette forme est une icône anthropomorphe, dotée des attributs symbolisant ce que l'adepte désire : un dieu ou une déesse. Mais le shivaïsme du Cachemire n'encourage pas ce genre de pratique, pourtant très courante dans le tantrisme. De plus, il en souligne les limites. Prier ainsi (fut en "récitant un mantra") n'a jamais qu'une efficacité limitée. En tous les cas, il n'est jamais promis que "l'univers répond à nos pensées", ni que les pensées positives se traduisent par des événements positifs.
Voilà pourquoi le shivaïsme du Cachemire, dans l'ensemble, n'encourage pas le genre de vision de l'ego ambiguë que l'on voit dans le New Age. "Je m'aime", dans le shivaïsme du Cachemire, signifie "quand j'aime mon faux Moi j'aime, sans le savoir, le Moi véritable et divin". Mais la hiérarchie reste claire : l'individu demeure au service du divin, et non l'inverse, inversion qui, au contraire, est caractéristique du New Age. Selon la Loi d'Attraction (et donc selon le New Age), ma volonté en tant qu'individu n'a pas de limites. "Tout est possible". L'individu est au centre de tout. Cette vision ultra individualiste s'explique sans doute en partie par l'origine commerciale du New Age. Le mouvement de la Pensée Nouvelle est en effet né aux Etats-Unis au XIXe siècle, en plein essor du commerce mondial.
Selon la Reconnaissance, comme pour la plupart des approches non-dualistes, l'individu ne peut s'épanouir, paradoxalement, que s'il reconnaît sa dépendance à un principe plus vaste. Une autre différence importante est que le New Age dénigre l'intellect, la raison et la science (sauf quand cette dernière semble légitimer ses croyances), tandis que le shivaïsme du Cachemire, comme la plupart des traditions, encourage à penser.
Et donc, selon le shivaïsme du Cachemire, le mental ne crée pas le monde. Lui et le monde sont créés par la conscience universelle. Le mental peut alors créer ses propres univers, mais sans pouvoir réduire le monde à ses désirs.
' en tous les cas, il n'est jamais promis que l'Univers répond a mes pensées, ni que les pensées p. se traduisent par des évènements p.'
RépondreSupprimer:) ce n'est pas exclu non plu ! il me semble..que l'endroit ou chacun se situe a de l'importance.
dans mon exp..l'Univers m'a toujours fait de sérieux clin d';)
il y a 30 ans a la suite d'une dépréssion..j'ai entammé un dialogue avec l'Univers, qui n'a jamais cessé et qui Est une Véritable histoire d'Amour.
une Merveilleuse Intuition qui m'habite et me guide :)
sans aucune religions..ni prières..
c'est l'exp.du moment qui nous guide, qui nous dit si oui ou non !