Il y a deux façons de chercher la source de tout :
- du point de vue de la troisième personne, c'est-à-dire dans les choses, objectivement. C'est l'épopée incroyable de la science, qui nous fait voyager jusqu'à l'orée de l'instant zéro, jusqu'à des milliards et des trillions de trilliards d'éons dans le futur, et ce avec un degré de précision sans égal.
- du point de vue de la première personne, c'est-à-dire à partir d'ici, de cette vaste clarté qui accueille tout, y-compris le point de vue de la troisième personne. Or, comme rien n'apparaît ni ne peut apparaître en dehors de cette Lumière (qu'on appelle aussi "conscience"), il s'ensuit nécessairement que cette Lumière est la source de tout ce qui apparaît.
Les Oupanishads, parmi les plus anciens textes philosophiques, l'évoquaient déjà :
athāsmin prāṇa evaikadhā bhavanti /
tad enaṃ vāk sarvair nāmabhiḥ sahāpyeti /
cakṣuḥ sarvai rūpaiḥ sahāpyeti /
śrotraṃ sarvaiḥ śabdaiḥ sahāpyeti /
manaḥ sarvair dhyānaiḥ sahāpyeti /
sa yadā pratibudhyate yathāgner jvalataḥ sarvā diśo visphuliṅgā vipratiṣṭherann evam evaitasmād ātmanaḥ prāṇā yathāyatanaṃ vipratiṣṭhante /
prāṇebhyo devāḥ /
devebhyo lokāḥ /
(Kauṣītaki-upaniṣad, IV, 20)
Toutes les énergies vitales s'unifient dans le (Soi, la conscience, l'absolu).
Puis la Parole s'immerge en lui, avec les mots. Puis la vision, avec toutes les formes. Puis l'ouïe, avec les sons. Puis le mental, avec les pensées.
Et quand il se réveille, c'est comme les étincelles qui jaillissent du feu : de ce Soi surgissent les énergies vitales vers leurs zones respectives. Des énergies surgissent les dieux et des dieux, les mondes.
Les "dieux" sont les facultés évoquées précédemment : vue, ouïe, mental, etc.
Donc la conscience crée les facultés, qui créent les mondes. Chaque matin, le monde est crée par le panthéon des divinités du corps. Chaque soir, ils se résorbent en ce mandala naturel. Il en va de même à chaque instant, à chaque perception, pensée, désir. Ce va-et-vient est la grande pulsation du cœur conscient, la vie de l'absolu.
La version ésotérique de cette doctrine s'est développée dans la tradition du Kâlî-krama, la "danse de Kâlî", de l'atemporelle conscience comme Temps qui engendre et engloutit sans répit sa progéniture. Sa version philosophique (donc non initiatique) est la philosophie de la Reconnaissance.
Le monde est créé quand la conscience s'éveille, pour ainsi dire. Et il est détruit quand la conscience reprend conscience d'elle-même dans l'unité. C'est cela, se réveiller et s'endormir, naître et mourir, passer d'une expérience à une autre, se "réincarner".
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Pas de commentaires anonymes, merci.