lundi 25 novembre 2019

De la nécessité de distinguer des échelles

Illsutration du Livre du sage, de Charles de Bovelles (1479-1566)


A l'échelle individuelle, cultiver l'acceptation à ce qui arrive est bon.
A l'échelle collective, ce serait du totalitarisme.

Au fond, l'expérience de la conscience de l'instant présent est libre de toute convention morale.
Mais faire de cet éveil un principe moral ou politique serait désastreux.

Ainsi, il est nécessaire de distinguer quelque chose comme des échelles dans notre recherche de la sagesse, dans notre philosophie. Ce qui est bon à une échelle peut être ruineux à une autre. Et c'est de la confusion entre ces échelles et les sagesses qui leur correspondent que naissent bien des dangers. 

Je distingue ainsi trois niveaux correspondant à trois échelle ou trois points de vue :

Au plan collectif, il faut une politique. Le libéralisme ou, disons, une doctrine recherchant la plus grande liberté, les plus riches libertés individuelles. Qui va donc avec l'individualisme. Et comme les libertés sont des pouvoirs et ne vont pas sans leur sagesse, il faut aussi une éducation adéquate, disons un humanisme.

Au plan individuel, il faut une morale. Le stoïcisme ou, disons, une doctrine de l'acceptation rationnelle et affective de ce qui m'arrive. C'est la sagesse du détachement, principalement par la connaissance, car on aime ce que l'on comprend. C'est aussi l'enseignement du Mahâbhârata en Inde. Se détacher d'un Moi limité pour le resituer dans un contexte plus vaste (la Terre, le cosmos) et ainsi à la fois l'humilier et l'élargir. 

Au plan intérieur, il faut un éveil. La non-dualité, une sagesse sobre et riche à la fois, qui épouse au plus près l'expérience intérieure du silence et du ressenti.

Notons que les deux premiers plans s'opposent. Ils se corrigent mutuellement. Le troisième est le plus important, mais il ne peut guère s'épanouir que sur la base des deux premiers.

Je note aussi que les traditions adoptent généralement cette architecture. En Chine, avec le néo-confucianisme. En Inde, avec la démocratie, la doctrine du karma-yoga et l'éveil à la non-dualité. En Occident, avec l'humanisme, le stoïcisme et la mystique ou le néoplatonisme.

Nous avons ainsi une structure claire qui intègre les aspects de la sagesse en un tout harmonieux. 

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