mercredi 13 novembre 2019

Don Juan Flibusto

Quand j'étais adolescent, je lisais Castaneda.
J'étais d'autant plus fasciné qu'il semblait être reconnu par l'intelligentsia : il était, et est encore, publié par les éditions Gallimard. Comme les autres, je faisais confiance, ignorant les réalités du microcosme parisien.
Cependant, dès le début j'avais senti que quelque chose clochait. Les paroles mises dans la bouche du "sorcier Yaqui" ressemblaient trop à du zen édulcoré, adapté à un public illettré. Ca a marché : 30 000 000 de livres vendus.

Bien plus trad, je découvris la réalité de Castaneda : un gourou manipulateur de son petit monde, avec ses drames et ses pratiques ridicules, comme ces pseudo-exercices énergétiques, vendues à prix d'or :



A côté de ce folklore bidon, il y a des tragédies, comme toujours dans ces aventures ou l'on sacrifie la raison au sentiment. La plupart des femmes qui vendaient ces exercices énergétiques sont mortes ou ont disparues, l'une d'elle a été retrouvée dans le désert de la Vallée de la Mort en 2003. Ou plutôt, on a retrouvé ses ossements. Les autres sont toujours portées disparues :



Castaneda était un faux disciple et un vrai charlatan, auteur d'un vaste canular qui est parvenu à impressionner quelques universitaires déjà perdus par d'autres charlatans. Castaneda rejoint ainsi la liste des auteurs de canulars "spirituels", après Lobsang Rampa et avant Daniel Odier. Par ailleurs, la plupart des systèmes religieux, dès qu'on les examine de près, se révèlent être des canulars. Les lignées, les traditions, les "maîtres" et autres prophètes sont bien souvent des canulars, comme il apparaît dès lors qu'on a la curiosité de les examiner de près.

Malgré ces drames et cette avalanche de canulars, ces business continuent et prospèrent. Les livres de Castaneda sont toujours vendus, sans que l’Éditeur ne prenne soin d'informer ses lecteurs de la véritable nature des livres qu'ils vend. Ne sommes-nous pas dans l'ère de la "post-vérité" ? L'intuition ne suffit pas. Il vaut aussi réfléchir, questionner, enquêter, sourcer, expérimenter (ce qui n'est pas la même chose que l'expérience en général) : ce sont là des pratiques de rigueur, de lâcher-prise, de concentration, de remise en question des croyances, d'élargissement du Moi.

Au fond, l'affaire Castaneda et son sillage de misères n'est un exemple du New Age, cette religion qui ne dit pas son nom, et qui est un business mondial faisant feu de tout bois, pillant sans vergogne dans toutes les cultures. L'Inde est l'un de ses principaux gisements, dont le Cachemire, instrumentalisé par plusieurs dans le but de fournir leur fond de commerce. Quand ils parlent de "tradition du Cachemire", ne nous y trompons pas : ils parlent en réalité du New Age avec ses produits aseptisés, insipides et profondément régressifs. 

Pour sortir de ces impasses, il faut la raison et l'expérience. Ceux qui rejettent la raison et ne se fient qu'à l'expérience, à l'intuition et au "cœur", finissent le plus souvent dans des impasses. Le prix à payer pour sauver leurs croyances loufoques s'accroît avec le temps. L'expérience, seule, ne mène nulle part, car elle est aveugle. Se suicider intellectuellement ne mène à rien, sinon à la souffrance. Casser le thermomètre ne fait pas baisser la température.

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