Il peut sembler étrange de parler de posture dans un cadre non-dualiste où "tout est un" et rien n'est séparé...
Si tout baigne en un même ciel de Présence, il n'y a rien à faire !
C'est vrai. Mais, ici comme ailleurs, il faut regarder de plus près, et injecter une dose de pragmatisme.
Car si tout est un, tout est interdépendant : la contemplation est une pratique de l'attention. Or, l'attention est un pouvoir qui dépend du corps, physique et énergétique.
Le corps physique est le corps tel que les autres peuvent le voir : sa position est importante, en particulier la position de la tête. Un port altier, à la manière d'une danseuse classique, a une influence directe sur le degré de lucidité. Et méditer ou contempler, c'est avec le corps, même ce corps physique. En vérité, tout ce qui se fait à l'intérieur, se fait aussi à l'extérieur, avec ce corps. Il n'y a pas de séparation. Il est donc bon d'y veiller, d'aspirer à une certaine verticalité. Avec le sommet de la tête, "pousser" vers le plafond, ou évoquer la sensation de l'espace au-dessus de la tête, comme si notre chef était doucement aspiré par ce volume. Tout cela est subtil. Physiquement, c'est une affaire de millimètres.
Mais il y a aussi le corps subtil, énergétique, c'est-à-dire le corps tel qu'on le ressent, et que les autres ne peuvent pas voir directement. Ce corps est très différent : transparent, il n'est pas homogène. Il est bon d'évoquer certains ressentis pour le travailler comme une pâte diaphane avec des mains de lumière.
En particulier, on explore le dos, les omoplates, la nuque, comme un éventail grand ouvert vers l'arrière. Le principe est, à chaque fois, d'aller caresser les "rebords" de la masse vibratoire, par exemple les omoplates. On ressent comme une irradiation à partir d'eux. Ils se déploient alors comme deux ailes. Puis on va "toucher" avec l'attention les extrémités de ces ailes. Et ainsi de suite, à l'infini. Dès que je porte l'attention, sorte de regard de lumière, au loin, une "couche" supplémentaire de vibration se révèle. Ce qui semblait vide et mort se remplit, se dévoile palpitant. Le "vide" est toujours relatif. C'est à ce plan, subtil, que la posture parfaite se ressent, comme entrer dans une veste bien ajustée. Même si l'extérieur semble limité, le corps subtil déploie ses ailes.
C'est une pratique de la vie de tous les jours, dans le métro ou en train de faire la vaisselle. Légère aspiration vers le haut... et tout le corps se place se lui-même, comme un casse-tête. L'attention redevient alors fraîche et disponible, souple et légère, à la fois centrée et ouverte à l'immensité du silence. Cela suffit, c'est déjà la pleine contemplation.
On raconte l'histoire de ces singes qui, par hasard, avaient vu un yogi solitaire en pleine contemplation, posture parfaite : par jeu, ces bestioles l'imitèrent. Et c'est ainsi que, par hasard, ils s'éveillèrent, dit-on.
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