jeudi 27 septembre 2018

Les oreilles du monde


Tout est frémissement.
C'est vrai.

Mais parmi les vibrations, il en est une sorte très intime : les sons. Voire, les paroles.

En regardant cette vidéo sur Depardieu,


j'apprend qu'il a surmonté ses problèmes d'élocution grâce à la méthode du docteur Tomatis. Passionnant. Passionnant aussi le pouvoir des textes. Leur pouvoir de nous tisser, mot après mot, comme fil après fil.

A cette occasion, je partage cette belle réflexion d'une amie sur le pouvoir des sons :

"C'est marrant ce matin, j'ouvre le livre la mystique du silence que j'avais laissé un peu de côté et qui traînait à côté de mon lit, ce livre quoi que tu penses de son auteur est je trouve tout de même un très bon livre sur le son intérieur et le silence...

bref et j'ouvre le livre au hasard et, bing ! je vois apparaître le nom du docteur Tomatis dont Vigne décrit un exercice dans lequel Tomatis plonge ses patients dans une sorte d'état second par l'écoute au casque de sons feutrés assez similaires aux sons intra-utérins que perçoit le bébé dans le ventre de sa mère et c'est tout à fait ce à quoi correspond pour moi l'écoute du son intérieur, un peu comme si on se branchait sur une fréquence radio un peu brouillée mais sans grésillements, pas de pics, de pointes, pas du tout coupant, tout le contraire, non plutôt flouté, c'est ça flouté, ce sont des formes de type volutes, onctueuses, veloutées, sensuelles, mais sans mollesse non plus, il y a une puissance, une force indicible qui déploie ce déhanchement animal, cela tient du félin, cette nonchalance tonique qui peut se faire explosive, voilà c'est ça, ça tient du félin vraiment.

Tout cela pour dire que du coup, je suis allée regarder quelques liens sur la méthode et je suis tombée sur cette vidéo...et c'est fascinant l'intuition de cet homme...et me vient un vers du bateau ivre de Rimbaud qui m'a toujours fasciné

Moi, l’autre hiver,
plus sourd que les cerveaux d’enfants,
je courus !

J'adore ce vers où Rimbaud exprime sa surdité temporaire à la poésie, j'adore le rapprochement qu'il fait avec l'hiver et qui m'évoque de suite la neige qui feutre tout et assourdit les sons et cette image des cerveaux d'enfants qui parfois se ferment à l'entendement du monde des adultes et seulement à cela parce que pour moi l'enfance est le règne du vrai entendement, du rapport direct aux choses, de l'écoute sans filtre aucun, bref là toutes les pièces d'un petit puzzle ce sont mises en place et j'adore ces moments où une intuition vient s'éclairer, c'est comme une nuit obscure qui subitement s'étoile et cela me renvoie à un autre poème de Rimbaud que j'ai en adoration tant je le sens et je le vis avec lui cet instant qu'il décrit en ces termes que j'ai dû aller vérifier car ma mémoire tu le sais est trop impressionniste pour une telle précision...parlant de l'aube d'été :

En haut de la route, près d’un bois de lauriers, je l’ai entourée avec ses voiles amassés, et j’ai senti un peu son immense corps."

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