Il était une
fois dans un pays très lointain, dans une ville nommée Idânîmtanâ, dans une vieille
maison, sous un matelas décharné grouillant de puces et de poux, un homme pauvre. Une
nuit, il rêva qu'il existait un trésor fabuleux caché dans un lointain pays, au
fond d'une grotte cachée dans un ravin entourée de hautes montagnes aux confins
de l'univers. Rempli d'allégresse, il partit sans regarder derrière lui. En
chemin, il prit conscience que sa quête lui coûterait tout : femme, enfants,
maison, carrière. Il rencontrait différents guides qui lui ordonnaient de
renoncer pour mériter le trésor. Il devait faire vœu de chasteté, délaisser les
plaisirs de la vie, cesser de parler, de bouger, de respirer, et même de penser
!
Mais plus il
avançait, plus les efforts exigés devenaient colossaux. Un jour, un grand
maître, qui était allé très près de la grotte, voire à l'intérieure d'elle, et
qui était revenu pour partager la bonne nouvelle, lui révéla la vérité : pour
atteindre le trésor, il devait renoncer à l'ego et se débarrasser de ses
mauvaises habitudes.
Un jour, vers
la fin de sa vie, il en eut marre. Pris de folie, il tenta le tout pour le tout
et arriva enfin au fond de l'abyme, derrière la montagne sacrée, fosse putride
dans laquelle se trouvait le trésor inépuisable entrevu en songe. Il était
gardé par un démon. Agacé car tiré de son sommeil, celui-ci interrogea notre
homme, avant de le dévorer tout cru :
"Qu'est-ce
donc que tu viens faire ici, si loin de chez toi, famélique, dépenaillé et avec
l'air un fou ? On se demande bien, de toi et de moi, lequel est le plus effrayant
!"
- Je viens
parce que j'ai fais un rêve, et j'y crois ! J'ai rêvé qu'il y avait un trésor
inépuisable caché et scellé au fin fond de cette caverne enterrée au fin fond
du monde. Toi qui n'a jamais vécu ailleurs que dans ce trou, comment pourrais-tu
comprendre ?
"Ah",
rétorqua le démon, "mais tu es encore plus fou que je croyais ! Car moi,
j'ai bien rêvé qu'il y avait un trésor dans un pays très lointain, dans une
ville nommée Idânîmtanâ, dans une vieille maison, sous un matelas décharné
grouillant de puces et de poux. Mais je n'ai jamais été assez fou pour y croire, hé hé !"
Cette
histoire, d'origine indienne, a inspiré l'Alchimiste
via Roûmî le poète. Elle illustre la sagesse des Upaniṣads à laquelle puisèrent Pythagore, Pyrrhon,
Apollonios, Plotin, Bernier, Schopenhauer et tant d'autres.
Illustration musicale de cette parabole avec un canon de Bach :
Heu... :
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