Le tantra non-duel affirme l'égalité de l'homme et de la femme tout en reconnaissant leur différence.
Ils incarnent, respectivement, Dieu et la Déesse.
Ce n'est pas du New Age, c'est un fait. D'ailleurs, le New Age est une incroyable résurgence du tantra non-duel et de ses équivalents dans toutes les cultures. On peut pointer ses défauts (relativisme, mercantilisme, sophismes, anti-intellectualisme, nombrilisme, consumérisme, etc.), mais il ne faut pas pour autant oublier ses qualités : liberté de conscience absolue, liberté de croire ou ne pas croire (laïcité !), valorisation du féminin, du corps, de l'intuition, dépassement des cloisons traditionnelles, extraordinaire inventivité, tentatives souvent justes pour transposer une sagesse d'une culture à une autre, individualisme, etc.
Et aussi le souci de l’environnement.
Et aussi le souci de l’environnement.
Or, ce souci se retrouve dans le tantra non-duel. Le tantra non-duel, c'est le Kula, la tradition ésotérique des yogis et des yoginis. Les images végétales y sont omniprésentes. Par exemple, dans la Liturgie de Parashurâma (Parashurâmakalpasûtra), un aphorisme sur les devoirs de l'initié du Kula enjoint :
Il ne faut pas couper les dix arbres du Kula (X, 65)
Les commentaires de ce texte, composé dans le Sud de l'Inde vers le XVIe siècle, et sources de la plupart des manuels de cette tradition pratiqués aujourd'hui, précisent quels sont ces dix sortes d'arbres sacrés du Kula, arbre des yoginis, des déesse-mères, des matrices sacrées (mâtrikâ), dont le manguier, le margousier (neem), le kadamba, le bilva, le banyan, le figuier (udumvara) et le pîpal.
Le banyan, image de la conscience qui prolifère
le Neem, arbre aux multiples remèdes
La feuille du pîpal, emblèmatique de l'Inde
Et puis, n'oublions pas les bishnoïs. A ma connaissance, ils n'ont rien à voir avec le tantra, mais eux aussi ont développé une vision de l'arbre sacrés. Certain d'entre eux sont connus pour avoir donné leur vie pour empêcher que l'on coupe des arbres.
Mais dans le tantra non-duel, l'arbre est partout. Arbre de la Déesse, il est l'image de la manifestation de la conscience. Les nervures de ses feuilles illustrent la forme du corps subtil.
Voici un extrait d'un commentaire du un verset qui explique la Déesse comme arbre.
Dans les traditions de l'Inde, la déesse est souvent adorée
comme arbre. Même dans sa version la plus raffinée, la
Danse de Kâlî, la déesse est évoquée comme un arbre dont
partent d'innombrables lianes, une prolifération (prapanca)
sans limites. Voici un extrait d'un texte de cette tradition, que
j'avais déjà mis en ligne.
Il s'agit de la première stance et de son auto-commentaire
qui, comme toujours, résument l'enseignement tout entier.
Cet enseignement est présenté à travers le schéma des
quatre étapes de la conscience comme parole.
La Lumière de la Grande Doctrine,
composée par le maître Śithikaṇṭha.
Stances augurales :
"La conscience est la divine terre de l’ébranlement (de la
manifestation, et) sereine condition (tout à la fois).
Désireuse de faire apparaître des portions (de Śiva),
Puisse ce flot désigné par les mots 'Śiva' et 'Brahman'
Apparaître en sa vérité. 1
Elle qui se cristallise en portant en son sein le quadruple
univers et les six chemins,
Elle a pourtant la taille fine ! -
(Car) elle est l’égalité de la prolifération (des phénomènes)
et de leur extinction. 2
Puisse la Puissance de Rudra vaincre la masse des nuages
qui l’entravent
Grâce aux multiples moyens lumineux (enseignés ici)
Pour s’unir au cœur du Grand Seigneur. 3
En ce sanctuaire d’Uḍḍiyāna accompagné de ses
sanctuaires secondaires nommés Kula et Akula
Se trouve la gnose la plus haute, pleine de puissance
- la pratique féroce !
De même, multiple est l’éclat des sanctuaires qui
resplendissent les uns après les autres.
Mais cette Entière Vérité est (pourtant) éternelle (, sa
révélation est instantanée).
Ce royaume resplendissant, par sa grandeur souveraine,
Se trouve en tête des sanctuaires et règne sur eux. 4
Je vais dire tout ce qu’il y a à savoir sur
L’énumération des chemins avec leurs mantras,
Leurs mots et leurs phonèmes. 5
Première stance :
Puisse ce fruit qu’est
Le repos en notre essence être notre.
Ce fruit est celui de la Déesse primordiale,
Incompréhensible.
Elle est ce roulement de tonnerre des mots et des
choses
Ce grand flot du courant divin,
Energie sans-caractéristiques à l’origine des vagues de
la Māyā //1//
Le vaste déploiement de la Déesse primordiale, ce grand flot
qui précède le courant divin, est ce roulement de tonnerre
des mots et des choses, incompréhensible énergie, origine
de la vague de la Māyā : puisse ce fruit du repos en notre
essence être notre.
Tel est le sens (de ce vers) selon (son) ordre en prose.
Mais voici maintenant le sens implicite :
Ce roulement de tonnerre des mots et des choses est le
déploiement de la (Parole) Médiane colorée par les objets
pensés, proclamation ininterrompue provenant de
l’apparition
du grand flot en forme de Voyante dont la nature est la
vibration de la Résonance (de la conscience manifestée
comme mantra), consistant en des signifiants et
des signifiés indifférenciés. (Ce grand flot) provient du
courant divin dont
l’essence est le Soi, Parole Suprême gouvernée par la
Déesse primordiale qui est l’essence, le Soi Suprême.
Le mot et la chose, c’est le nom et la forme, le signifiant et le
signifié. Leur grondement roule comme le tonnerre (à travers
toute la manifestation).
C’est lui ce cycle inférieur qu’est le déploiement de l’univers
en forme d’énergie des vagues de la Māyā accompagné de
la (Parole) Articulée avec ses objets signifiés (clairement
distincts les uns des autres).
Son origine, son lieu d’origine, est caractérisé comme sans-
caractéristiques. Il est le déploiement complet de la Parole
jusqu’à l’Articulée, apparaissant sous la forme de leur
signifiés respectifs. Il est gouverné par la Parole Suprême.
Tel est cette quadruple apparition de la Parole qui s’achève
par l’Articulée, gouverné par la Parole Suprême. Il a pour
essence la conscience, c'est-à-dire le fait d’être actuellement
conscient.
De même ce déploiement de la conscience est de deux
natures : phénoménal et non-phénoménal. Il est la « Totalité
des sons », objets empiriques de la parole articulée que l’on
se représente actuellement.
Ce (déploiement) a pour origine la conscience, il existe dans
la conscience, il est fait de conscience, il repose dans la
pure conscience.
Ainsi ce déploiement de l’univers a pour fruit le repos en
notre essence. Puisse (ce fruit) être notre. Puisse t-il
s’achever par l’expérience de la Grande Vérité qui est
présente pour tous toujours et partout.
Voilà ce que veut dire ce vers de salutation. 1"
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