On entend souvent dire que la conscience est immobile et immuable.
Face à un monde qui est changement, elle est comme un roc, comme une enclume,
selon l'expression du Védânta.
Mais si la conscience était simplement "quelque chose qui ne change pas"
et qui est "ce qui est", à la manière d'une pierre, alors elle ne serait pas conscience !
Être conscience, en effet, ça n'est pas simplement ne pas changer,
comme un cristal transparent qui reflète toutes les couleurs,
car ce cristal n'est pas conscient de ces couleurs.
De plus, une chose privée de conscience, comme par exemple un cristal,
ne peut changer sans devenir autre chose.
Alors qu'être conscient, c'est justement cela :
pouvoir changer (sinon la conscience serait inconscience, insensibilité, inertie),
tout en restant soi-même.
Autrement dit, la conscience n'est pas simplement immobile,
comme l'espace.
Elle n'est pas limitée à être ceci ou cela, sujet ou objet :
elle est libre, en ce sens qu'elle se réalise sous toutes ces formes,
tout en restant elle-même.
C'est cela, le "Soi" au sens tantrique.
Changer tout en restant soi-même.
Évoluer. Devenir, synthèse de l'être et du non-être.
Un philosophe anonyme de la Reconnaissance (probablement du Sud de l'Inde) dit ainsi :
Il est clair et prouvé de que la conscience est manifestation (de soi comme) choses. En outre, (toute) "chose" est à la fois sujet et objet.
"Sujet et objet", puisque nulle chose, réelle ou non, n'existe indépendamment de la Lumière consciente qui se manifeste ainsi. Le philosophe poursuit :
Or, être un "sujet", c'est s'ouvrir et se fermer
tour à tour, et non simplement "être", immobile comme un cristal.
Être conscience est une respiration, un mouvement :
c'est, être connaissance et activité (à la fois), or la connaissance et l'activité,
c'est l'expansion et la contraction (de la Lumière conscience qui se manifeste) !
Et notre philosophe de conclure :
L'âme (de la conscience) est donc de palpiter en elle-même,
et non d'être enfermée (en elle-même) !
Et plus loin il ajoute, si besoin était :
Elle n'est que frémissement, elle n'est pas inerte et immobile,
elle n'est pas enfermée (en elle-même) !
Et il donne, comme exemple de cette respiration - outre la respiration elle-même ! -
le jour et la nuit, l'été et l'hivers, le soleil et la lune...
Être conscience, c'est respirer,
et non stagner.
(Courte méditation sur le Tantra de la Maîtresse des trois Shaktis, extraits traduits des pp. 6-7 de l'édition du Cachemire)
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