Le shivaïsme du Cachemire n'est pas limité au Cachemire.
J'en ai donné plusieurs exemples.
"C'est la conscience elle-même qui ouvre et ferme ses yeux,
faisant ainsi apparaître et disparaître le monde"
En voici un autre :
Un certain Amarânanda, vers le XVe siècle,
a composé une Lampe du Yoga du Soi (Svâtma-yoga-pradîpikâ),
clairement influencé par le Coeur de la Reconnaissance (Pratyabhijnâ-hridaya)
du cachemirien Kshéma Râdja, aussi connu dans le Sud de l'Inde
sous le nom de Shakti-Soûtra.
Voici un extrait de ce beau texte d'Amarânanda, qui est accompagné d'un auto-commentaire et qui décrit plusieurs approches de la méditation:
La conscience est le Maître.
Le monde est constitué par la conscience, notre Soi.
La conscience est activité, c'est-à-dire conscience, c'est-à-dire le Soi.
Elle agit grâce à ses pouvoirs (shakti).
La conscience est nommée "sujet" et "objet".
Elle est alors égarement.
Mais, même alors, elle est conscience.
Je suis elle, conscience, bonheur et vérité,
je suis cette divinité. (IV, 12)
C'est là la pure philosophie de la Reconnaissance (pratyabhijnâ)
enseignée par Outpala Déva au Cachemire.
Autre extrait :
Je suis cette (conscience) transparente et absolument libre
qui ouvre les yeux au monde,
c'est-à-dire qui peint la fresque de son monde
sur la paroi du Soi conscient
avec le pinceau de l'esprit
coloré par les couleurs du Jeu,
et qui aussi ferme les yeux sur lui,
(le faisant ainsi disparaître),
en cessant de le regarder. (II, 10)
Ce passage fait écho au premier soûtra de Kshéma Râdja :
La conscience absolument libre
fait éclore l'univers sur la paroi du Soi.
Je signale au passage
que ma traduction commentée
de ce texte, parue au Deux Océans
sous le titre Au Coeur des tantras,
vient d'être rééditée.
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