Pourquoi ne pas se contenter de pointer notre nature véritable
en disant qu'elle est vide ?
Pourquoi faudrait-il décrire, en plus, qu'elle est conscience
lumineuse, dynamique et capable de penser et de sentir ?
Le maître zen coréen Djinül répond dans ses Extraits de la Collection du Dharma,
oeuvre fascinante dans laquelle il reprend, de façon critique,
la critique des écoles zen formulée par le chinois Zongmi.
Celui-ci avait essayé de montrer pourquoi l'école de Heze Shenhui
était la plus riche dans sa pédagogie,
justement parce qu'elle évite deux écueils :
- d'un côté, celui de décrire notre essence comme un simple vide,
une négation.
- de l'autre, celui d'identifier notre essence aux passions et aux manifestations de la conscience.
L'idéal, dans la mesure du possible, est de pointer la conscience (知, jnâna), calme et lumineuse.
C'est ce qu'essaie de faire passer Djinül dans ce passage où on lui demande justement pourquoi
ne pas s'en tenir à un discours négatif - pourquoi parler en plus d'une conscience lumineuse ? :
Ces exemples (que vous avez donné) sont négatifs.
Ils ne visent pas à pointer l'essence de l'esprit.
Si je ne pointais pas que la conscience ininterrompue, limpide
et présente en cet instant, est votre esprit, qu'est-ce donc qui serait
'non né', 'sans concepts', etc. ?
Autrement dit, les discours négatifs décrivent,
de manière indirecte et incomplète, la conscience.
Mais notre essence n'est pas un "néant vide", comme dit Djinül plus loin.
Elle est une "conscience qui embrasse toute chose".
"Vide, calme, conscient" sont trois terme indispensables,
qui se corrigent mutuellement, en quelque sorte.
Ces passages, je ne les ai pas traduits du coréen,
mais de l'anglais, plus précisément de l'excellent livre
de Buswell Tracing Back the Radiance.
Manifestement, on retrouve les mêmes problèmes,
les mêmes solutions et les mêmes arguments principaux
à travers les temps et les lieux.
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