On oppose souvent vide et plénitude.
Mais le vide est plénitude.
Vide de vaines paroles,
plein de Verbe.
Vide de peurs,
plein de foi.
Vide de soi,
plein du Soi.
Vide d'illusions,
plein de réalité.
Plus concrètement, le vide désigne le silence intérieur, une sorte de sensation
de transparence, de pure, d'extrême sensibilité, d'écoute
de ce qui se dit dans ce silence.
La plénitude, c'est justement "ce qui se dit" dans ce silence,
le désir, l'élan, l'énergie, comme un courant...
on pourrait multiplier les métaphores à l'infini.
Entre les deux, une relation dynamique. Ils se complètent, d'appellent
et s'approfondissent mutuellement.
En contexte shaïva, on parlera de la relation entre
Shiva et Shakti, ainsi qu'avec l'individu (anu en sanskrit).
Le vide est ressenti comme énergie,
l'énergie s'affine,
de plus en plus diaphane.
Aussi, le silence prépare à la plénitude.
Ou plutôt, il la révèle,
comme une image apparaît
sur une plaque photographique,
ou comme un silence révèle un bruit.
Un moine le dit très bien :
Plénitude et pureté, tels sont les deux aspects de la grâce, et ils se retrouvent tout au long de sa croissance dans l'âme qu'elle anime d'une vie nouvelle, la comblant d'une paix, d'une joie toujours plus profonde, plus assurée, mais plus pure aussi, plus secrète, et qui suppose un dépouillement intérieur de plus en plus total. Tantôt, sans doute, l'action purifiante de la grâce semblera dominer, tantôt au contraire l'âme aura davantage conscience des richesses qu'elle reçoit, mais les deux ne se peuvent séparer : la grâce ne saurait se faire plus profonde sans devenir en même temps plus pure, plus parfaitement simple.
Dom George Lefèbvre, Prière pure et pureté du cœur
Vous pouvez lire l'ensemble de ce très beau texte
Avec, en plus, les annotations de Lilian Silburn,
qui a, semble-t-il, été profondément marquée
par ce passage, auquel elle fait sans doute écho
dans les premiers mots de son célèbre essai
sur la vie intérieure "Le vide, le rien, l'abîme" :
L'expérience spirituelle est bien plus une expérience de plénitude qu'une expérience de vide ; pourtant l'une n'est pas possible sans l'autre, la vie mystique étant constituée par une alternance ininterrompue de vides et de pleins s'approfondissant de concert.
Merci M. Dubois pour cet hyperlien nous permettant de lire et apprécier Lilian Silburn encore plus. Yé.
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