"L'éveil de la Kundalinî".
J'avais lu ces mots pour la première fois dans l'Homme-Dauphin de Jacques Mayol, quand j'avais 14 ans. Il parlait d'une puissance mystérieuse et dangereuse. Et comme il parlait aussi de zazen, je m'étais confectionné un zafu.
Par la suite, j'ai étudié, fais des expérience et plus encore, j'ai écouté d'autres me raconter les leurs. Comme je pratique le sanskrit, j'ai pu commencer à accéder aux textes, au-delà de ceux publiés par Arthur Avalon et recyclés à l'infini par le Nuage et ses entrepreneurs.
Récemment, j'ai lu une étude sur le yoga du Netra Tantra par Bettina Baümer, très clair et précis.
Le Netra enseigne trois yogas : le yoga des rituels, avec Mantra, Yantra et Mudrâ. Mais ce yoga implique aussi le second yoga, celui du corps subtil. Car "seul Shiva peut adorer Shiva". Et pour devenir Shiva, il faut devenir Shiva. Et pour devenir Shiva, il faut parfaire le yoga du corps subtil. Et pour parfaire ce yoga, il faut commencer par le yoga de l'éveil de la Kundalinî.
Et ce yoga est donc basé sur celui du corps subtil, c'est-à-dire le yoga de l'éveil de la conscience, de l'énergie vitale, du réveil de la vie se délivrant de l'emprise des mots.
Elle part d'en bas et s'élève en haut à travers le canal central, comme un flot ou un feu.
Elle travers 6 centres, 5 espaces, 3 luminaires, 3 cibles, 12 noeuds, 16 supports vitaux.
Ce sont différentes manières de nommer les chakras et les trois canaux principaux.
Une fois en haut, un flot de nectar s'écoule et inonde le corps "jusqu'à travers les pores de la peau" précise le commentaire de Kshémarâja.
Le yogî devient immortel : son corps se transforme en corps divin libre de toute maladie. Il est à la fois libre du corps et incarné, bhoga et moksha, libre de toute passion et libre pour toute action.
Le point est qu'il y a deux méthodes pour ce yoga :
- la méthode tantrique, plus détaillée, graduelle et fondée sur l'effort de l'adepte.
- la méthode ésotérique kaula, plus simple, directe, fondée sur la spontanéité du ressenti.
Malgré des description détaillées, dans ce tantra et d'autres (dont des passages sont repris dans les purânas, les upanishads et les textes de hathas-yoga), la pratique conserve son mystère. On sent qu'il s'agit d'une pratique concrète décrite à travers des symboles, comme dans l'alchimie. Mais il y a des éléments concrets : l'observation de la respiration, la concentration et des contractions du fondement. Le corps est au cœur de cette voie. Ainsi que la vibration, l'idée de pulsation, que ce soit les cycles de la respiration ou le "scintillement" (sphurattâ) de l'attention.
Mon impression est que la pratique est simple, comme en témoignent plusieurs versets du Vijnâna Bhairava Tantra et la méthode kaula. Le point de départ consiste à poser l'attention entre expir et inspir. Le reste évoque l'expérience à l'aide de symboles, car il faut inventer pour décrire ce que le langage quotidien n'a pas pour vocation de décrire.
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