Amritesha et Amritalakshmi
par Ekabhûmi
Le Netra Tantra ou "Tantra de l'Oeil" est un écrit influence et pourtant peu connue du shivaïsme du Cachemire. Aussi nommé "Seigneur de l'ambroisie" (Amritesha) et "Vainqueur de la mort" (Mrityunjaya), il est l'une des source de la réintroduction dans l'l'hindouisme du mantra védique "Tryambakam yajâmahe...". Cependant, ce mantra n'est pas le véritable Mantra de Mrityunjaya.
L'enseignement de ce tantra est original sur trois points :
- il est oecuménique. Ou bien disons qu'il se situe au centre de toutes les traditions.
- il est axé sur une forme bienfaisante de Shiva et sur la guérison.
- Il enseigne un "yoga subtil" et un "yoga suprême" très clairs et simples.
Voici une extrait, sur le Mantra :
"Cette Puissance
suprême, subtile
Est la
Non-mentale, elle est Śiva.
Le Soi est le pur
fait d'être.
Il doit être
agité1.
Quant il l'est,
(alors) cette Puissance
Dite Egale, qui
active tous les Chemins2,
Qui embrasse en
son sein toute chose,
Ayant tout
résorbé, émet à nouveau (l'univers).
Cette Grande
Puissance
Est appelée
figurativement "la boucle" (kundalî),
(Car) elle est
triple3.
Quand elle se
manifeste comme résonance,
Elle est le Son4
(indifférencié),
Invisible, le
corps de Śiva.
(En sa totalité,)
Elle se déploie
telle une explosion sonore,
Remplissant le
monde.
Le dieu des dieux,
le Toujours Bon,
L'a nommée
"Résonance"5."
1
Car il est pure potentialité, stérile tant qu'il n'a pas été
ressaisi en un Acte de conscience. Śiva, sans Śakti, n'est qu'un
corps mort (śava). Rien n'existe sans conscience.
2
Les Six Chemins (adhvan) de la théologie śivaïte : les trois
chemins du signifiant - syllabes, mots et phrases - c'est-à-dire
Śakti, la conscience ;
et les trois chemins du signifié - division, élements et mondes -
c'est-à-dire Śiva,
l'être.
3
Le nom "boucle" (kuṇḍalā) est un nom de la
Parole-conscience que l'on rencontre d'abord dans le Ṛgveda.
Puis, c'est la Puissance "bouclée" ou "lovée"
(kuṇḍalinī) dans le śivaïsme, car, partant du Cœur, la
Parole se déploie en trois mesures (A, U et M), en trois états
(veille, rêve et sommeil profond). L'image du serpent, par laquelle
on explique aujourd'hui "la Kuṇḍalinī", n'est qu'une
image parmi bien d'autres.
4
sphoṭa : litt. "éclatement (du sens)". Notion d'origine
grammaticale. Désigne la compréhension linguistique innée qui
permet à un enfant l’apprentissage des relations conventionnelles
entre les mots et les choses. Elle est ainsi l'intelligence
naturelle propre à la conscience (pratibhā), l'intuition qui
permet de passer des mots extérieurs au sens intérieur, le
"euréka !" au cœur de toute compréhension.
5
nāda : le son, le son musical, la note, la conscience comme son à
l'origine de tous les autres, un peu comme la tampurā dans la
musique indienne. La quête du nāda est la raison d'être de l'art
comme de toute parole.
Une traduction de plusieurs chapitres et une très bonne étude on récemment été publié en anglais par Bettina Baümer :
merci du partage
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