lundi 6 juillet 2020

Vijnâna Bhairava Tantra 116

A late chola bronze figure of aiyanar | Olympia Auctions
Aiyanar, absorbé dans l'espace lumineux

L'expérience du laisser-aller :

yatra yatra mano yāti bāhye vābhyantare 'pi vā |
tatra tatra śivāvāsthā vyāpakatvāt kva yāsyati || 116 ||

"Partout où se pose l'attention,
à l'extérieur ou à l'intérieur,
là est l'état divin : (en effet), où donc (l'attention) pourrait-elle aller, 
puisque (le divin) est la condition même de possibilité (de l'attention) ?"

vyāpakatvāt : "à cause du fait d'être nécessairement présent en..." On traduit souvent ce mot par "omniprésence" et en anglais par "pervade", "pervasive". Mais plus précisément, l'idée est que le divin, c'est-à-dire la conscience, est le fond nécessaire de l'attention, tout comme le miroir est le fond des reflets. Sans miroir, pas de reflets. Sans conscience, pas de mouvements de l'attention. Où donc l'attention pourrait-elle aller ? Les vagues peuvent-elles sortir de la mer, alors qu'elles sont la mer ? L'attention peut-être être distraite de la conscience, c'est-à-dire d'elle-même ? Comment les mouvements de l'attention pourrait-ils échapper à la conscience ? Un mouvement peut-il aboutir hors de l'espace ? L'espace n'a pas de "dehors". De même, il n'y a rien en dehors de la conscience. L'idée que je peux avoir d'un dehors de la conscience n'est elle-même qu'un acte de conscience.

Certes, la conscience a, avec ce pouvoir d'attention, un mystérieux pouvoir d'oublier certaines choses en faveur d'autres, et surtout de s'oublier elle-même. mais cet oubli n'est lui-même possible que "danse" et pas la conscience, car l'oubli est, lui aussi, un acte de conscience, et un pouvoir de la conscience. 

Fort de cette certitude que l'attention ne saurait me pousser hors de l'espace de la conscience, je peux bien laisser mon attention divaguer. Elle ne peut échapper à l'espace, au présence, à la lumière de la conscience. Je laisse donc aller mon attention, comme une abeille qui va butiner. Rien à perdre en cela, rien à gagner à vouloir l'emprisonner. Je suis la prison infinie de mon attention ou, comme on dit aujourd'hui, de mon mental. Et quel soulagement ! Je vois que je suis sans limites, omniprésent comme l'espace. Même si je me laisse emporter, pour ainsi dire, par les jeux de l'attention, je ne me quitte jamais. Je ne sors jamais du vaste ciel que je suis. Et, dans cette intuition, je me détend. Libre, à l'aise. Laisser venir, laisser partir, sans même chercher à surveiller. 




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