dimanche 20 septembre 2020

Pour une poignée de poussière


 

Pas besoin de se concentrer,

de garder, 

de surveiller.

Juste se laisse aller.

Je n'invite personne quand il n'y a personne.

Je ne rejette pas ce qui se présente.

Ne pas prendre les pensées pour des ennemies.

Ne pas fuir les perceptions.

Ne pas se centrer.

Ne pas se replier vers l'intérieur.

Flottant, décroché. 

Une plume sur les eaux.

Lâché comme une poignée de poussière

dans un doigt d'aube.

L'attention vagabonde à sa guise.

Une brise douce gonfle ces voiles.

Larguer les amarres suffit,

inutile de chercher la tempête.

L'eau se décante d'elle-même.

La clarté se révèle quand bon lui semble.

Aucune évaluation, ni vérification.

L'agitation se déploie je ne sais où.

La torpeur sombre vers sa source.

Si les yeux sont ouverts, c'est bien.

S'ils se ferment, c'est bon.

Laisser venir, laisser partir.

Ce qui vient apporte la clarté.

Pourquoi le repousser ?

Ce qui s'en va ouvre les portes du repos.

Pourquoi le retenir ?

L'instant est remède à l'instant.

Les nœuds se font, se défont.

Je n'y rien à y faire

qu'à m'y laisser masser.

L'attention butine.

Tout ce qui passe en elle, trépasse,

s'ouvre et bâille.

Du coup ma bouche s'ouvre,

bête, béante.

J'oublie tout

et tout se souvient.

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