Tout est conscience, car tout dépend de la conscience. Mais de quoi dépend la conscience ? Elle est cette Lumière qui illumine tout, qui se manifeste en tout, qui se manifeste comme tout. Elle est donc l'essence de tout, sans quoi rien n'est ni ne peut être. L'idée d'un monde en dehors de la conscience, indépendant d'elle, n'est... qu'une idée, une abstraction. Cette idée est, comme toute idée, conscience.
Mais quelle est l'essence de cette Lumière, de cette Présence en laquelle tout se présente et s'absente ? Y a-t-il "autre chose" après la conscience ? Une réalité plus fondamentale ?
Selon le Tantra, oui, il y a une essence de l'essence, une vérité de la vérité, un cœur du cœur de tout. Il porte différents noms, comme Cœur, Vibration, Onde, Pensée, Intuition, Emerveillement. Et il est personnifié par la Déesse. Au-delà de ces symboles, ce Cœur est le bouillonnement qui anime la conscience, sans lequel la conscience serait inerte, vide, comme l'espace. Infinie, mais insensible. Sans ce pouvoir de ressentir, de juger, de s'identifier, d'apprécier, la conscience ne serait Lumière pour rien ni personne. Elle serait comme un miroir aveugle, comme un cristal sans âme. Même si elle contenait tout, elle n'en saurait rien, elle n'éprouverait rien. Rien n'existerait.
Exister, c'est encore autre chose qu'être une Lumière qui illumine ou qui se manifeste. C'est Ressentir, penser, juger, s'étonner : significations que recouvre le mot sanskrit vimarsha, qui désigne la Shakti suprême et qui exprime le fait de penser et de juger, au sens d'évaluer, d'apprécier et donc de sentir. "Se dire que..." C'est aussi réaliser, se rendre compte, et se reconnaître, se ressaisir, se sonder, avec des variantes comme pratyavamarsha.
Je mentionne ici ces mots sanskrits car ils sont propre au Tantra et parce qu'ils sont très difficiles à traduire. L'aspect manifestant de la conscience est prakâsha, la Lumière, l'acte de manifestation. Cet aspect n'est pas propre à l'enseignement du Tantra. On le retrouve dans le Vedânta, le bouddhisme et dans les traditions occidentales comme le platonisme. En revanche, l'aspect de Vibration (spanda), de Réalisation (vimarsha) est propre au Tantra.
On retrouve quelque chose de semblable dans la tradition occidentale platonicienne avec l'Être et la Pensée, qui correspondent assez bien à ces deux aspects, personnifiés respectivement par Shiva et Shakti, par le Dieu et la Déesse. Il y a cependant une différence cruciale : pour le platonisme, la Pensée (ou l'Intelligence, l'Intellect) est coupée des émotions, elle est à l'opposé des passions du corps et du "monde sensible". Le modèle qui sert à l'approcher est géométrique : la pensée pure de toute souillure charnelle. Alors que dans le Tantra, l'Intellect, le Cœur du cœur de tout, est à la fois intelligence ET émotion. Une sorte d'intelligence à la fois intellectuelle et émotionnelle, rationnelle et sensorielle, spirituelle et sensuelle. C'est là le grand point de divergence. Voilà pourquoi le Tantra intègre le corps, même si ce corps est amené à évoluer et à transcender le corps physique.
Il y a un au-delà de la conscience. Cet au-delà de la conscience est désir, désir pur, désir sans séparation entre sujet et objet du désir, donc vibration, oscillation immobile. Donc son, et parole. Et musique.
La ou vous parlez d'un au-delà de la conscience, je perçois le Désir comme un en-deçà.
RépondreSupprimerPour moi la desir et la conscience sont intimement liées
RépondreSupprimerJe ne sais car je desir et je desir car je me sais
Dire si l’un préexiste à l’autre pour moi c’est presque comme savoir si l’eau précède ces propriétés .
Les deux sont intimement liés .
Fabio
tout désir procède de l'en-vie
RépondreSupprimertoute montagne procède de lave en fusion
tout est effusion
l'eau ne fait pas de vague lorsqu'elle se sait eau
Bonjour David,
je m'interroge sur les différents niveaux de lecture
et j'en viens à SLESA
Avez-vous déjà écrit un billet concernant cette notion.
Merci infiniment
Du savoir vivre à l'art
Du débat aux ébats
Merci encore
Merci, oui, j'ai du écrire sur la notion de double (et triple, etc.) lecture dans les vers sanskrits. J'en ai donné des exemples au début de Introduction au Tantra.
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