"Vous vous laissez trop aller à votre goût et à votre imagination. Remettez-vous à écouter Dieu dans l'oraison, et à vous écouter moins vous-même. L'amour-propre est moins parleur quand il voit qu'on ne l'écoute pas. Les paroles de Dieu au cœur sont simples, paisibles, et nourrissent l'âme, lors même qu'elles la portent à mourir : au contraire, les paroles de l'amour-propre sont pleines d'inégalités, de trouble et d'émotion, lors même qu'elles flattent. Ecouter Dieu sans faire aucun projet, c'est mourir à son sens et à sa volonté."
Fénelon, Lettre à une inconnue
"Ecouter Dieu", c'est écouter le "Je suis", la sensation d'être, profonde comme l'océan, simple comme bonjour, claire comme le jour. C'est écouter le Mantra, le Verbe, s'énoncer de soi-même au plus profond. C'est se mettre à l'école du rien et du tout, du mystère immédiat. Si je ne pouvais faire que cela à toute heure du jour et de la nuit, alors je n'aurais besoin de rien d'autre, tout serait bien. M'orienter vers vers ce ressenti, comme on se tourne vers un souvenir d'outre-temps, puis me laisser faire. Me laisser envahir, posséder. Ne plus vivre selon moi, mais selon ce courant d'amour et de félicité secrète. C'est la vie intérieure. Toutes les autres pratiques visent ce moment où je replonge dans ce courant universel de vie brute, "je suis je", "je... je...", être, énergie de vie, jaillissement au centre de la poitrine, au centre de moi, plus moi que moi, braise ardente autant que subtile, flamme inextinguible, "bouche de la Yoginî", source de la tradition orale, unique transmission intemporelle, cœur de tous les cœurs, fond de toute chose, onde infinie, élan inépuisable, chute immobile, frémissement électrique, désir premier, Big Bang toujours présent, clé absolue, état de potentiel sans limite, joie sans bornes, panacée gratuite et grâcieuse, beauté sans visage... Devant pareille bonté, je n'aspire qu'à me fondre, m'offrir et m'oublier.
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