samedi 21 mars 2015

Comment manier la relativité sans tomber dans le relativisme ?


Le relativisme est un courant de pensée selon lequel "tout est relatif". Il n'y a pas de Vrai, ni de Beau, ni de Juste, ni de Bien. Seulement des croyances qui se valent toutes.

Le relativisme est basé sur la relativité ("les choses dépendent d'autres choses", pas de "grand" sans "petit", etc.), mais l'absolutise ("toute chose dépend d'autre chose"). Le bouddhisme est une sorte de relativisme, car la vacuité est la relativité. Nâgârjuna, le penseur bouddhiste qui a poussé le plus loin ce relativisme, a aussi mis en garde contre la relativité. Mal comprise, dit-il, elle est le pire des poisons. Car si tout est relatif, il n'y a plus de jugement possible, plus de discrimination possible. Donc plus de révolte, plus de revendications, plus d'indignation, plus de morale. Bref, c'est la fin de l'humanité.

Aujourd'hui, le relativisme domine les esprits. Cette pieuvre a plusieurs branches : relativisme épistémologique, relativisme moral, relativisme esthétique et surtout le relativisme culturel. Selon cette vision, toutes les cultures se valent, car tous les points de vue se valent. Donc le nazisme n'est ni bon ni mauvais en lui-même. Il n'est pas pire qu'une autre vision. il est vrai dans un certain contexte. Et de même, le point de vue d'un fou n'est pas moins vrai que celui d'une personne saine. Pareil pour les coutumes : l'excision n'est pas condamnable, pas plus que le cannibalisme. Il n'y a rien d’univers, nul critère impartial, transcendant, qui permettrait de départager les opinions. Il n'y a que des opinions.

Dès lors, ce relativisme paralyse les esprits, les prive de leur discernement, les conduit à capituler devant les pires horreurs et à se résigner à tolérer les intolérants, à laisser vivre ceux qui veulent anéantir leur vie, à accepter les croyances les plus obscurantistes, car "tout est croyance".

Le multiculturalisme, dans sa forme la plus courante, est un dérivé de ce relativisme. Et ce multiculturalisme sert la cause du communautarisme, du fanatisme, du consumérisme (très important !) et de tout ce qu'il y a de pire au monde, pour le dire clairement.

Voici deux conférences d'Ayaan Hirsi Ali, une femme courageuse, menacée de mort par des fanatiques, sur la manière dont le relativisme est en train de menacer l'avenir de nos enfants :



Il y a là un renversement dramatique : à l'origine, la relativité est un outil puissant pour ouvrir les esprits, pour favoriser une certaine tolérance, en montrant que toute idée a son contexte. Ainsi, la même eau paraîtra chaude ou froide, selon le contexte. Telle est la valeur du scepticisme ancien et du bouddhisme : nous amener à adopter une attitude critique envers les idées, les opinions, et aussi les points de vue des autres. Indispensable pour vivre ensemble.
Mais une fois poussée à l'extrême, cette idée détruit toute possibilité de jugement : ce sont alors les fanatiques, les ultra-traditionalistes, les affabulateurs de tout poils, qui sont favorisés, car eux ne sont certes pas paralysés par le doute ! Et c'est ainsi qu'aujourd'hui, tout Occidental s'accuse lui-même (ou ses ancêtres), dès qu'un crime est commis par un musulman au nom de l'islam ! Un racisme inversé, comme dit Ayaan Hirsi Ali.

Mais alors que faire ? Comment manier la relativité pour ouvrir les esprits sans les détruire et faire le jeu de ceux qui aiment la mort plus que nous aimons la vie ?

A mon sens, voici, en (très) bref : tout est relatif, mais relatif à quelque chose qui est absolu. Comme dans la relativité générale : toute vitesse est relative, sauf la lumière, qui est constante. De même, il y a un bien relatif au mal. Mais aussi un Bien absolu. Bien et mal sont relatifs au Bien, lequel n'est relatif à rien. 

2 commentaires:

  1. Ô combien je suis d'accord avec vous, et cela est souvent valable pour celles et ceux qui disent "la démocratie occidentale ne peut pas marcher ailleurs qu'en occident".

    Ce à quoi je réponds : lorsqu'on tape, qu'on griffe, qu'on claque, qu'on pince, etc, etc, quelqu'un, est-ce que la souffrance qu'il perçoit est culturelle ? La réponse est non.

    Il en va de même pour la liberté de penser et de s'exprimer, à mon humble avis, et la démocratie peut absolument être installée ailleurs qu'en nos régions tempérées.

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