Il n'y a pas que l'être. Que l'être soit, aussi, conscience, implique beaucoup et loin.
Il n'y a rien de définitif. Même si tout est à jamais dans la conscience.
Car être conscience, c'est être soi tout en se manifestant comme autre que soi.
D'où une distraction, une identification toujours possibles.
Dans les tantras, il est question de deux "éveils" : au Soi, et à Shiva.
L'éveil au Soi, c'est la découverte de la pure conscience entre deux pensées. Mais quand la pensée revient, tout redevient comme avant. La pensée, le corps etc. ne sont pas reconnus comme manifestations de la conscience. Le divin est alors objectivé, fait objet d'une représentation : "c'est ceci, pas cela". Une pureté qui exclut tout, un "état" soumis à conditions, puisqu'il n'apparaît que si le reste n'apparaît pas. Il n'y a pas d'intégration des manifestations de la conscience : les pensées, le corps, les autres, le monde...
L'éveil à Shiva, c'est justement cette intégration. Rien n'interrompt la conscience, car rien n'est possible sans conscience. Sur la base de cette conviction profonde, une foi s'éveille, qui ouvre à une vie nouvelle. On découvre que tout vit et meurt dans la conscience.
Comme dit Râmeshvar Jhâ :
"Lorsque
l’activité mentale apparaît
Comme
incarnant la conscience,
Alors
l’état de Shiva apparaît,
Présent pour toujours."
Les mots ne sont plus des furies qui vous harcèlent, mais de
paisibles muses qui vous assistent, comme les abeilles
autour de leur reine. L'état de Shiva apparaît : l'être se
reconnaît en tout, dans une cascade d'émerveillement.
Mais il y a plus : l'être, le Soi, découvre que tout est soi-même, manifestation de soi-même, désir de soi-même, création de soi-même. Mais pas du soi-même individuel. Ça, c'est de la psychologie, le plan de l'âme seule, du genre "la violence du monde reflète ma violence intérieure". Non, "tout est manifestation de soi-même" veut dire : tout est manifestation de la conscience trans-personnelle. En même temps, c'est une expérience si vivante et intense, que l'on peut bien dire, en ce sens, qu'elle est tout ce qu'il y a de plus personnelle. Et cela ouvre aussi à l'inter-personnel. Et il n'y a pas de fin, pas de terme à ces découvertes.
En un sens, ce que les gens appellent "éveil" est donc le commencement, semble t-il. Et, à chaque nouvel éveil, re-commencement.
Chef-d'oeuvre, le Grand Mystère, Dieu se fait homme pour que l'homme redevienne divin, le Grand Cycle :
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