L'un et le multiple
Attention, article "intellectuel".
Je vous aurai prévenu !
Rien sans Lumière consciente, pas même rien.
Même "raisonnement irréfutable" chez Proclos et tant d'autres :
"De plus, si l'un n'existe pas, il n'y aura de connaissance d'aucun des êtres. On ne pourra en effet ni nommer, ni concevoir un seul être. De fait, le mot 'chacun' et tout autre mot de ce genre que nous pourrions employer, à l'aide desquels nous imposons comme un sceau la nature de l'un, n'existerons pas, puisque l'un n'existe pas non plus. Ainsi il n'y aura ni discours, ni connaissance de quoi que ce soit : et en effet, le discours est l'unité de plusieurs éléments, s'il est complet, et la connaissance se produit lorsque le connaissant ne fait plus qu'un avec le connaissable. Or, si cette unification n'existe pas, il s'ensuit tout ensemble que connaître chaque être particulier et parler de ce que l'on connaît, n'est pas possible, sans compter que l'inépuisable infinité des êtres particuliers se dérobe nécessairement dans tous les cas au caractère limitant de la connaissance. L'être particulier, en effet, que la connaissance désire atteindre, si tôt qu'il apparaît comme infini (car privé de toute unité), échappera à sa puissance de connaître, qui désire entrer en contact et toucher ce qui n'admet ni toucher ni contact".
Théologie platonicienne, II, p. 8, trad. Saffrey
Ce que veut dire Proclos : si rien n'est un ni doué d'unité, alors tout n'est que multiplicité. mais alors, chacun des éléments de cette multiplicité sera à son tour multiple, et même infini, et ainsi de suite... à l'infini. Tout se dérobera au fur et à mesure que l'on cherche à le saisir. Et ainsi, même le multiple ne pourra être multiple. Point de multiple sans l'un, donc.
De même, dans la philosophie de la Reconnaissance, rien sans conscience. Même l'irréel, l'imaginaire, même le rien et l'inconscience ne sont possible sans un acte de conscience qui les manifeste : "Oh, il n'y a rien !" Donc, rien hors de la Lumière consciente.
Plus encore : la conscience est l'un. Au-delà de l'être, elle est ce qui donne à tout être son unité, et donc son être.
A noter que hors la conscience, hors l'un, rien n'est connaissable. Cela ressemble à l'un en tant qu'il est inconnaissable. Cette confusion inconcevable d'un multiple purement multiple, absolument privé d'unité, à l'instar d'une chose qui existerait en dehors de toute conscience, est indicible. En cela, il ressemble à l'un lui-même. La conscience et l'inconscience sont inconcevables. Le multiple pur est inconcevable tout comme le multiple pur. C'est pourquoi la bêtise ressemble à la sagesse, et l'absence d'intelligence est souvent proclamée comme nec plus ultra de l'Intelligence cosmique...
Mais il y a pourtant cette différence entre eux : l'un est ineffable, oui. Mais par excès d'unité. Tandis que si le multiple est, en quelque manière ineffable, c'est pas excès d'unité, de simplicité. Une vache qui regarde passer un train, un imbécile dans un "satsang"... tous ressemblent au silence du sage, à la présence crue. Ils sont pourtant symétriquement opposés.
Bien entendu, ce multiple pur, cette stupidité abyssale, cette inconscience ténébreuse, cette inconnaissance débile, sont enveloppés dans la conscience pure, l'unité simple, le silence éloquent, la nudité vibrante. Rien n'échappe, pas même le rien.
A
Pour les esprits curieux, voici, ci dessous, le lien d'un site qui présente en anglais le cœur d'une philosophie unitaire toujours vivante, complexe et méconnue, celle des indiens Dine'(navajos)du sud ouest des Etats Unis.
RépondreSupprimerhttp://oceansoulrenewal.us/hozho-navajo-dine-balance-and-harmony/
Bonne fin de journée.
"Hozho" surinterprété, car le holisme n'est pas l'universalisme, pas plus que l'indigénisme n'est l'indianité. Les indiens ont un territoire. Ils se connaissent un "tout autre" uniformisant et universaliste, contre lequel ils se défendent :
RépondreSupprimer" Inutile de se poser les problèmes du globalisme ou même de l'universalisme. C'est en termes de confrontation des cultures, d'adaptation ou d'agression que l'on se pose les questions de la croissance et du développement. Car, que signifie, pour un peuple dont la valeur suprême, le bien, le beau, le bon, le bonheur en somme, ici-bas comme dans le cosmos qui nous englobe, réside dans un équilibre parfait, la seule croissance du bien-être, des ressources et des revenus matériels qui constituent ce que l'Occident et les autres, premier, second et même Tiers-Monde, appellent le «développement» ? N'y a-t-il pas contradiction interne, malentendu au moins sur les termes, mais bien plus, sur les buts à atteindre? " ("La Nation Navajo", Marie-Claude Strigler)