Souvent, on oppose l'instant présent au passé.
Le salut serait dans la conscience de l'instant présent,
et nos malheurs viendraient de nos souvenirs, de nos "histoires".
Bien sûr, ce n'est pas faux.
Mais je voudrait juste signaler, en passant dans le présent (mais peut-on passer ailleurs ?), que
l'acte d'attention au présent est une forme de mémoire.
Je m'explique. C'est tout simple, n'ayez crainte.
En effet, faire attention au présent, c'est ramener l'attention au moment présent. Et ramener l'attention, c'est un acte de rappel. Et le rappel, c'est une forme de mémoire.
S'exercer à être dans le présent est certes une sorte de mémoire particulière, car il ne s'agit pas de se remémorer un souvenir.
Toutefois, c'est bien un exercice de la mémoire.
D'ailleurs, en sanskrit, c'est exactement le même mot : smriti. La mémoire et la présence d'esprit à la fois. Le pouvoir de ressusciter une expérience passée et de garder l'attention sur le présent ou sur un objet présent.
Voilà pourquoi les gens qui n'ont qu'une faible puissance de mémoire ont en général du mal avec la pleine conscience. Et à l'inverse, les gens doués d'une mémoire puissante et aussi, souvent, d'une imagination fertile, éprouvent moins de difficulté à vivre dans le présent, à être conscient du présent, dans une présence globale et silencieuse.
En tous les cas, cette présence est mémoire. Le pouvoir d'être au présent et le pouvoir de convoquer le passé sont donc inséparables.
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