Rien n'est possible sans la Lumière consciente.
Un maître dit :
"La manifestation des choses qui ne seraient pas Lumière consciente est impossible à moins d'avoir la conscience pour essence, laquelle n'est rien d'autre que la Lumière consciente".
On peut aussi traduire, plus littéralement :
"Absolument rien de ces (choses) qui ont une substance (prétendument) qui n'est pas Lumière consciente, n'est explicable/ ne peut être justifié/affirmé rationnellement, sauf en admettant qu'elles ne font qu'une essence avec la conscience, laquelle ne fait qu'un avec la Lumière consciente."
(Abhinavagupta, Paratrishikavivarana, KSS, p. 33, avec les deux notes de Mukund Ram Shastri !)
Les choses sont la cristallisation de la sève de la conscience. C'est la conscience qui, elle-même et par elle-même, spontanément et sans nulle intervention d'une cause extérieure, se manifeste elle-même à elle-même.
En effet, une chose (réelle ou imaginaire) qui ne serait pas de la même étoffe que la conscience (qui n'aurait pas la conscience pour "corps"), ne pourrait jamais être manifestée. Seule la conscience peut se manifester à la conscience.
L'argument principal est tiré de l'expérience : rien, jamais, nulle part, ne se manifeste séparément de la conscience. Même la pensée que "cela existe indépendamment de la conscience que j'en ai" ne se manifeste que dans la conscience que j'en ai. C'est donc la conscience qui se manifeste elle-même sous la forme de cette pensée-là. Tout, sans exception, baigne dans la Lumière consciente. Mais nous ne prêtons pas attention à ce fait : nous somme cette conscience infinie, mais par négligence, nous ne donnons de l'importance qu'aux choses, et jamais à cette Lumière par laquelle nous voyons les choses. Comme cette Lumière est toujours présente, en toute expérience - elle est l'expérience même ! - elle est nécessairement la substance des choses. C'est cela que je ressens dans une sorte de silence, un genre d'émerveillement muet.
S'éveiller à cela est la clé. Non l'acquisition de quelque chose de nouveau, non la recherche d'états de plus en plus élevés (Abhinavagupta se moque des gens qui cherchent à "monter" de chakra en chakra), mais la reconnaissance de ce qui a toujours été. En revanche, cette reconnaissance de soi donne une saveur toujours nouvelle à l'expérience.
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