La vie intérieure done accès à des univers, des mondes avec leurs êtres, leurs ambiances et leurs parfums propres.
Dans ces mondes, je comprends aussi le monde de l'amour, révélé par le ressenti viscéral. C'est un monde d'unité, de sens, de valeur, d'inspiration, un monde qui nourrit l'âme, dans lequel l'âme grandit et se révèle à elle-même. C'est le monde de tous les possibles, le monde de la guérison et de la consolation.
Or, le bon sens m'apprend que ces mondes n'existent pas, ou bien qu'il n'y a pas de preuve de leur existence.
Le bon sens culmine dans la raison, laquelle se donne une méthode d'une puissance extraordinaire dans la science. Mais la science découvre un monde dépourvu de sens, de plan, de destin, de providence. Evidemment, c'est un monde merveilleux, bouleversant même, quand tout va bien par ailleurs. Mais ça n'est pas un monde de valeur donnée : pas de sens, pas d'âme, pas d'au-delà. Un monde impersonnel, parfaitement étranger à l'amour, au ressenti. C'est aussi un monde contre-intuitif, qui échappe à mon contrôle et dans lequel je ne suis qu'une chose parmi les choses. Difficile d'y trouver un remède...
Face à cette dualité entre un monde d'amour purement subjectif et un monde objectif mais inhumain, plusieurs réactions sont possibles :
je peux chercher à prouver l'existence des mondes subtils, en dénigrant la science ("la science ne parle que des choses") ou en invoquant la pseudo-science ("tout est vibration"), ou encore en me réfugiant dans ces mondes, me détournant de tout autre monde.
Mais toutes ces réactions présupposent que ces mondes subtils doivent à tout prix exister, sans quoi les expériences que j'en ai perdraient toute valeur.
Or, cela est loin d'aller de soi.
L'expérience m'enseigne que je peux, par exemple, me plonger dans l'univers du Seigneur des Anneaux, le savourant et le vivant pleinement, tout en ayant pleinement conscience que ce monde n'existe pas, ou du moins que je n'ai aucune preuve de son existence.
Et même, dans l'appréciation des fictions, la conscience de ce caractère fictif est parfois indispensable, notamment dans les mondes imaginaires violents, les films d'épouvante, par exemple.
Quand je me plonge dans une histoire, un conte, une fable, quand j'écoute une musique, quand j'avale un poème, je ne me demande pas du tout si cela existe. Ce serait grossier et déplacé. Je n'ai pas besoin de croire que les corbeaux et les renards parlent pour apprécier la fable, n'est-ce pas ?
Alors pourquoi, dans le monde dit "spirituel", cette obsession de prouver l'existence de choses que l'on est incapable de prouver ? Pourquoi ce mélange des genres, alors qu'ailleurs la fiction marche ?
Quand je me mets à l'écoute d'un mythe je sais, au fond, que l'existence de Zeus ou d'Ulysse importe peu. Car ce qui compte, c'est la vérité de ces mythes, leur message. Une fable peut dire le vrai en convoquant des êtres qui n'existent pas. Voilà une vérité d'expérience essentielle. Le vrai n'est pas esclave de l'existence.
Alors, pour l'heure, je savoure les merveilles découvertes par la science ; je savoure aussi le ressenti viscéral qui me relie au monde de l'amour. Je sens que tout est bien, que tout sera bien, que tout sera juste, que tout sera guéri, réparé, rendu à une harmonie inouïe - même si je ne sais ni l'expliquer, ni le prouver.
Cette manière de voir les choses est très libératrice. Elle m'autorise à exercer pleinement mon jugement critique, tout en me laissant jouir de ce ressenti magique que l'on appelle l'amour, et qui nous laisse entrevoir tant de merveilles.
Voilà pourquoi je trouve bien pathétiques les pseudosciences.
Voilà pourquoi je suis à la fois pleinement dans les mondes de la raison et du bon sens ; et pleinement dans les mondes subtils, les mondes magiques, les mondes imaginaires, les mondes de vérité enchantés, ces univers innombrables qui sont comme des vérités ses en forme.
Pas besoin que cela existe pour que cela me nourrisse et me guérisse. Je ne sais pas si cela existe. Je n'ai pas de preuves, cela est une certitude, et je dois être honnête. Mais peut-être que tous ces mondes existent, peut-être que des êtres vivent et meurent en Terre du Milieu. Peut-être qu'ils existent seulement des vérités, des parfums spirituels qu'ils incarnent.
En attendant, je reste entier, à la fois pleinement rationnel et plus que jamais enchanté par ces voix qui murmurent aux bordures de notre attention.
merci de ce partage :) certains passage me rappel le concept de monde imaginal d'Henri corbin :)
RépondreSupprimerOui, très juste.
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