lundi 10 décembre 2018

"Dieu et homme" : chacun est le Christ



Autre témoignage du Libre-esprit, à travers Ruysbroeck. Ce passage concerne plus spécialement le rapport à Jésus. Libéré par le souffle sacré, l'adepte se reconnait comme Fille ou Fils de Dieu :

"C'est ce que moi je suis et cela de toutes les façons, 
rien excepté.
Car je suis avec lui, vie éternelle et sagesse éternelle,
né du Père dans la nature divine,
et tout ce qu'il est lui-même.
Je suis né avec lui dans le temps,
dans la nature humaine,
étant tout ce qu'il est.
Ainsi, je suis un avec lui, Dieu et homme,
de toutes les façons.
Je n'en excepte aucune.
Car tout ce que Dieu lui a donné,
il l'a donné à moi en même temps qu'à lui,
rien de moins.
Qu'il soit né d'une vierge m'importe peu,
car ce n'est là qu'un accident
dont ne dépendent ni la sainteté, ni la béatitude.
Il m'aurait été aussi agréable
qu'il fut né d'une femme comme les autres.
Il fut envoyé dans une vie active
pour être à mon service,
vivre et mourir pour moi,
tandis que moi, je suis envoyé dans une vie contemplative
qui est encore plus élevée,
dans le but de me recueillir, désœuvré et libéré
de toute forme et de toute différence,
et pour sentir que je suis la sagesse de Dieu
qu'il est lui-même dans sa Personne. 
S'il avait pu vivre plus longtemps,
son [=celle de Jésus] âme aurait atteint la vie de contemplation que moi j'ai atteinte.
Voici que tout l'honneur qui lui est rendu m'est rendu à moi
et à tous ceux qui ont atteint cette vie supérieure.
Car nous sommes un avec lui
dans la nature divine et dans la nature humaine.
C'est pourquoi, tout l'honneur qui lui est rendu, 
l'est à moi.
Dans le sacrement, 
lorsque l'on élève son corps à l'autel,
c'est moi que l'on élève.
Et lorsque l'on transporte son corps,
c'est encore moi que l'on transporte.
Car je suis avec lui la même chair
et le même sang."

(Les Douze béguines, p. 69, trad. A. Louf)

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