Yogi tibétain
La tradition qui a dès l'origine mit l'accent sur la méditation est le bouddhisme.
Cette religion n'est pas spécialement sensuelle, encore moins hédoniste. Le Bouddha n'était pas un adepte du ressenti à tout-va.
Pourtant, dans les descriptions les plus anciennes de l'expérience de la méditation, l'importance donnée au corps est frappante. La méditation y est vraiment décrite comme une expérience du corps, comme une immersion dans une eau fraîche par exemple. Ainsi, nous allons "toucher le nirvana de tout notre être".
Dans les Yogasûtras, un texte en grande partie inspiré par les enseignements bouddhistes, la posture doit être "confortable". Et en effet, qui partirait en promenade avec un caillou dans la chaussure ? La posture idéale est donc celle qui procure une sensation en harmonie avec l'état intérieur de la méditation. Une ouverture spacieuse, verticale, dégagée et relaxée à la fois.
A mon sens, la position des bras et des jambes est secondaire. Le plus important est la position de la tête. S'éveiller à une subtile sensation d'aspiration vers le haut rend l'attention alerte et disponible. Le reste du corps flotte, comme des nuages autour d'une montagne.
Une posture subtile ouvre à une méditation subtile.
L'attention fine à la posture est déjà méditation, à condition que l'attention soit vraiment fine.
Le zen Soto pressent cela, avec l'importance centrale qu'il donne à la posture ("de zazen"), presque jusqu'à l'idolâtrie.
Assis ou debout, la tête dégagée comme une danseuse classique, le reste du corps lâché, décroché. Le dégagement de la tête prévient la torpeur. La détente du reste du corps prévient l'agitation.
Il y a bien d'autres points, subtils mais puissants. Cependant, l'essentiel est là.
Quand l'attention entre "dans" cette posture, comme une main délicate dans un gant de soie, une résonance se révèle. Le son de la Présence. Net, vif, absolu. Mais aussi, palpitant, mouvant, détaché.
Comme dit Shiva,
Installés dans la posture, nous sombrons facilement dans le lac [de la Présence].
(Shiva-sûtra III, 17)
On peut aussi lire
Présents dans une assise confortable, nous sombrons dans le lac.
Le lac immense, absolument limpide, du silence intérieur.
Le vide que nous pouvons voir dès à présent au-dessus de nos épaule. Vaste ouverture qui accueille la profusion des formes et des couleurs.
Alors la conscience se réveille, explique un commentaire sanskrit, telle un feu, une colère (canda) comme la Colère ou Chaleur intérieure (Candalî) pratiquée par les Bouddhistes tantriques.
Le lac est la source en laquelle tout va et vient, comme des poissons dans la mer.
Le lac est ce qui contient et imbibe tout.
"Sombrer" en cette fraîcheur, c'est réaliser que nous n'avons jamais été ailleurs.
La posture idéale,
c'est être espace.
Comme dit le Tantra de l'Immortel, cité par un autre commentateur :
"Il n'est pas nécessaire de méditer
sur quoi que ce soit
en haut, devant ou derrière.
Il n'y a rien à visualiser
dehors ou dedans.
Ne posez pas votre attention sur le ciel,
ne fixez pas votre regard.
Ne pensez pas à un support quelconque,
ni à ce qui est sans support....
Lâchez tout.
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