mardi 11 juin 2019

Réalisation



Physicalisme : La conscience dépend de tout.
Idéalisme : Tout dépend de la conscience.
Ces deux visions semblent symétriques, opposées, mais situées sur le même plan.
C'est une illusion créée par le langage.
Car ces deux points de vue dépendent de la conscience.

Il y a le point de vue de la première personne, le subjectif.
Il y a le point de vue de la troisième personne, l'objectif.

Ce serait la spiritualité contre la science, 
la parole contre la mesure,
le cœur contre la tête,
et autres fariboles non-duelles.

Mais de fait, tous ces points de vues ne sont pas égaux.
Car le point de vue de la troisième personne
apparaît dans ce Regard qu'est la première personne.
En, première personne se dit outtama-pourousha, "la personne ultime".
D'ailleurs, notez, c'est bien une personne, pas un une im-personne,
même si elle n'est peut pas un in-dividu.
Et, toujours en sanskrit, la troisième personne se dit prathama-pourousha,
"la première personne". Allez comprendre, comme disait Daumal.
Qui ne l'a sans doute pas dit, mais qui aurait pu le dire ;
qui aurait pu, comme troisième personne, qui apparaît dans la première personne que "je suis",
et qui n'est certes pas personne, bien qu'elle en porte tous les masques.

Bref.
Le langage nous fait croire que les points de vue, les voix, les personnes, se valent. Mais non.
Toutes les personnes n'existent que dans la première, qui est la seule vivante, les autres n'étant que ses personnages assumés, pourrait-on dire.
Les points de vue ne se valent pas : le subjectif et l'objectif ne sont pas sur le même plan. 
On pourrait les opposer, s'ils étaient sur le même plan, le plan des points de vue désignables.
Et alors, oui, le point de vue de la première serait, certes, un concept.
Mais c'est illusion.
En vérité, subjectif et objectif ne sont pas du même ordre.
Or, quod licet Iovi, non licet bovi.
Ne confondons pas le vulgus pecus et le pater, non.
Car tout l'objectif ne s'anime et ne vit que par le subjectif.
Tout apparaît et disparaît dans l'inévitable transparence.
Cela qui n'est pas vu, mais par quoi il y a du visible.
Cela qui n'est pas pensé, mais par quoi il y a du pensable.
Cet espace, cet insaisissable inéluctable, irrécusable irréfragable.

Pas égalité, non.
Je peux dire "subjectif et objectif", 
comme c'était blanc et noir.
Mais non, car l'un n'existe qu'en l'autre.
L'un est maître, l'autre esclave.
L'un est liberté, l'autre est juste ce qu'il est.

"Cela qui EST", disent-ils, fiers et gonflés.
Mais l'être n'est que la prison de l'esclave.
Au-delà de l'être s'élance le libre.
L'un, au-delà du tout.
L'Autre de l'être, qui n'est pas de l'être, 
par lequel il y a du "il y a".

Pas de symétrie donc,
mais une dissymétrie de chaque instant :
ici, pas de couleur ; là les couleurs.
Et surtout, tous les "là" apparaissent "ici".
Juste ici, dans cette immensité qui est mon véritable visage
impersonnel, ma première personne libre de tous les personnages,
personnification de l'un sans égal.

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