mercredi 18 septembre 2019

"La joie sera parfaite mais le désir n'aura pas de fin..."

John Banovich - Leopard Call

Voie directe ?
Voie graduelle ?

Eveil sans retour ?
Recherche sans fin ?

Les deux, bien sûr.
Il y a progression parce qu'il y a réalisation de la perfection ici et maintenant.

Ecoutez :

Le moteur du devenir est le désir vers l'éternel.

Chaque être s'efforce, à sa manière, d'imiter l'éternel, l'être absolu.
Exister, c'est participer à l'Un.
Devenir, c'est se convertir vers son centre.
Voyez un grand cercle qui tourne : 
le mouvement qui éloigne d'un point 
est le même mouvement
qui revient vers ce point.
Notre sortie est notre retour.
La séparation est mouvement vers l'unification.
La guerre prépare la paix.

Chaque être imite l'Un, chacun à sa façon, unique.
Le poids de la pierre est sa façon d'imiter le mystère.
Sa cohésion est aussi son élan vers l'Un,
et sa solidité.
Le souffle du mouton.
Les battements du cœur du chevreuil,
son désir de vivre.
La danse des milans dans le ciel :
leur accouplement est leur manière d'imiter l'Un.
Toute union est participation à l'un :
la folie des vivants, l'immortalité par la reproduction.
La pensée aussi, qui meurt à chaque instant, et renaît.
La mémoire est imitation de l'immortelle.
Le Moi est imitation du Soi.
"Image mobile de l'éternité" ?
Oui, mais alors une éternité qui est acte pur,
vitesse infinie, l'image étant ralentissement.

La Déesse-conscience est toujours affamée et à jamais comblée.

J'ouvre Hadewichj :

"Satiété et famine inséparables,
c'est l'apanage du libre amour,
comme le savent dès toujours les amants
que sa pure essence a touchés."

Saint Bernard ne dit pas autre chose à propos de la vision béatifique (= la vision de Dieu après la mort, mais qui peut être approchée dans la vie mystique, et qui, au fond, est déjà approchée dans toute vie) :

'Quelle est la fin de cette quête ? Je crois même qu'après avoir trouvé (Dieu), on ne cessera de le chercher. On ne cherche pas Dieu par une course à pieds, mais par les désirs. Et l'heureuse découverte, loin d'éteindre le désir l'attise encore. La plénitude de la joie ne consume pas le désir, elle est plutôt une huile qui vient en alimenter la flamme. Oui c'est bien cela. La joie sera parfaite mais le désir n'aura pas de fin, et donc la recherche non plus.'

Bernard de Clairvaux, Commentaire au Cantique des Cantiques (84,1)

Donc, l'être pur est désir pur.
Tout est désir.
Sans fin.
A jamais affamé,
toujours déjà comblé.

"Je suis" est désir.
"Je suis Untel" est encore ce désir.
"Je suis je" est aussi ce désir.
Une boucle, une triade mystérieuse - une trinité ?
Chaque mouvement par du plein, revient au plein ;
chaque mouvement part de l'intervalle de pure présence,
et va vers l'intervalle de pure présence.
Outpala Déva dit que l'expérience de l'objet, de l'identification, du désir coloré par son contenu,
est comme la sensation du voyageur qui s'arrête
un moment à l'ombre d'un arbre. 
C'est un passage, un point sur le grand anneau de la vie.

Tout est mouvement.
Tout est désir.

5 commentaires:

  1. "Outpala Déva dit que l'expérience de l'objet, de l'identification, du désir coloré par son contenu,
    est comme la sensation du voyageur qui s'arrête
    un moment à l'ombre d'un arbre."
    C'est un passage, un point sur le grand anneau de la vie.

    transfiguration mathieu 17 ,1-13 :

    "Pierre, prenant la parole, dit à Jésus : Seigneur, il est bon que nous soyons ici ; si tu le veux, je dresserai ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie."


    "Tout est mouvement.
    Tout est désir."


    "le fils de l'homme n'a nulle part ou reposer sa téte ."


    let's be danced by lord Shiva ...

    :)

    ...

    RépondreSupprimer
  2. Et ce sont bien dix milles saveurs qui sont offertes en dégustation de son inouïe saveur.

    Vous l'appelez 'desir', je l'appelle 'amour' et nous sommes bien d'accord.

    Je n'hésite pas ici à déposer quelques autres belles pensées/paroles/dires/exhalaisons d'Hadewijch d'Anvers, cette grande Âme(ie) :

    'C'est ainsi que l'âme doit tendre de toutes ses forces à la perfection de l'amour-de l'amour inapaisable à jamais. Car, on a beau faire:un homme peut satisfaire Dieu aux yeux de ceux qui le voient, il s'en faut bien qu'il satisfasse l'amour;il ne cessera point de ressentir ses exigences et ses violents désirs au-delà de tous les biens acquis ou possédés. On ne saurait plaire à l'amour qu'en étant privé de tout repos, que ce soit dans les amis ou les étrangers, ou dans l'amour lui-même. C' est une exigence terrible de notre vie, en vérité, qu'il faille renoncer même à l'apaisement de l'amour pour apaiser l'amour ! '
    (Lettre 13)

    Bien à vous.

    RépondreSupprimer
  3. Et maintenant ce poème :

    'La saison nouvelle bientôt
    Partout fleurira les campagnes.
    Ainsi feront les nobles cœurs
    élus pour le joug de l'Amour:
    la foi dans leur âme fleurit
    et porte son fruit de noblesse.
    Fidélité seule pénètre
    le sens divin de la parole.
    L'amour assuré, sur la cime,
    lié à jamais ceux qui se joignent.

    'Mon joug est suave, ma charge
    est légère', nous dit l'Amant :
    Amour a dit cette parole,
    hors de l'Amour on ne l'entend.
    Qui s'exile de son royaume
    trouve pesante pour son âme
    une charge même légère
    et se voit partout menacé:
    la loi de l'esclave est la crainte,
    amour celle des enfants.

    Quel est donc ce fardeau léger,
    ce joug que l'on nomme suave ?
    C'est la charge que nous confie
    au plus secret le pur Amour,
    des volontés ne faisant qu'une
    et joignant à jamais les êtres.
    Tout ce que puise le désir
    l'amour le boit, et ne s'apaise.
    Amour exige de l'amour
    plus que l'esprit ne peut saisir.

    Qui pourrait deviner comment
    on regarde Celui qu'on aime
    quand le cœur est chargé d'amour ?
    On ne veut perdre un seul instant,
    mais tout pâtir avec lui-même,
    pour contempler fidèlement
    dans la noblesse de sa face
    ce qu'il ordonné de notre âme.
    Alors enfin la vérité
    illumine les douces peines.

    Ce que vraiment nous devons faire,
    nous le savons dans un éclair
    lorsque Vérité nous révèle
    combien nous manquons à l'amour:
    la douleur comme une tempête
    assaille alors un noble cœur.
    Mais il lit dans la pure face
    de son Amour ce qu'il lui sied
    de donner pour le satisfaire,
    et cette clarté le console.

    Qui donne tout à l'amour
    en éprouve grande merveille,
    l'âme adhère dans l'unité
    au clair objet qu'elle contemple,
    puisant par l'artère secrète
    à cette fontaine où l'Amour
    enivre les cœurs étonnés
    de sa divine violence.
    C'est chose familière au sage,
    nul étranger ne la découvre.

    Ceux que brûle cette langueur,
    Amour leur prépare le cœur
    à vivre de sa nourriture !
    Amour, ils accueillent l'Amour
    et ne craignent plus la fortune:
    'il est à moi, je suis à Lui',
    en cette ardente liberté,
    qui pourrait les troubler encore ?
    Vous-même les servez dociles,
    astres du jour et de la nuit ! '

    Extrait de : Hadewijch d'Anvers. Poèmes des beguines. Trad. J.-B. Porion

    À savourer encore et encore...

    Et toujours, toujours cette saveur !
    Inouïe, indicible saveur...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ah Hadewijch ! Si je devais m'exiler sur une île, j'emporterais son recueil.

      Supprimer
  4. Et ce serait pour en ses dire,
    se recueillir, se laisser cueillir,
    alors loin l'île, son isolement,
    goûter l''ardente liberté',
    d'un retour d'exil partagé.

    RépondreSupprimer

Pas de commentaires anonymes, merci.

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...