ātmā mama bhavadbhaktisudhāpānayuvā'pi san |
lokayātrārajorāgātpalitairiva dhūsaraḥ || śivastotrāvalī II, 2 ||
"Mon âme est jeune
d'avoir bu le nectar de ton amour.
Pourtant, elle semble avoir vieilli,
sa chevelure blanchie
par la poussière de la vie."
Utpaladeva remet ici les choses à leur place, sans résignation ni naïveté. Le mot ātmā, ici rendu par "âme", peut désigner le Soi comme conscience divine, mais aussi le corps. En fait, depuis les textes les plus anciens, ce mot exprime ce que nous sommes, à quelque niveau que ce soit. Il ne faut surtout pas réduire le Soi à une entité abstraite, à la "pure conscience" du Sāmkhya-Yoga ou du Vedānta.
Ksehmarâja explique : Ô Seigneur ! Toi qui est mon âme (jīva), ma vie, je resplendis grâce au nectar de l'amour pour toi (bhavadbhakti). Pourtant, je parais salis et usé par la poussière du voyage en ce monde (lokayātrā=samsāra). Mais la vieillesse n'est qu'apparence, elle n'atteint pas l'être qui a bu le nectar de l'amour, source d'éternelle jeunesse. Au contraire, le cours de la vie est savouré dans la délectation émerveillée pleine d'humour et de joie (vinodahāsarasa). Il suggère ainsi que la vie courante est sa création en tant que conscience universelle.
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