Dans les traditions de l'Inde, la déesse est souvent adorée comme arbre. Même dans sa version la plus raffinée, la Danse de Kâlî, la déesse est évoquée comme un arbre dont partent d'innombrables lianes, une prolifération (prapanca) sans limites. Voici un extrait d'un texte de cette tradition, que j'avais déjà mis en ligne.
Il s'agit de la première
stance et de son auto-commentaire qui, comme toujours, résument
l'enseignement tout entier. Cet enseignement est présenté à travers le schéma des quatre étapes de la conscience comme parole.
La
Lumière de la Grande Doctrine,
composée
par le maître Śithikaṇṭha
Stances augurales :
La conscience est la divine
terre de l’ébranlement (de la manifestation, et) sereine condition (tout à la
fois).
Désireuse de faire apparaître des portions (de Śiva),
Désireuse de faire apparaître des portions (de Śiva),
Puisse
ce flot désigné par les mots 'Śiva' et 'Brahman'
Apparaître
en sa vérité. 1
Elle
qui se cristallise en portant en son sein le quadruple univers et les six
chemins,
Elle
a pourtant la taille fine ! -
(Car)
elle est l’égalité de la prolifération (des phénomènes) et de leur extinction.
2
Puisse
la Puissance de Rudra vaincre la masse des nuages qui l’entravent
Grâce
aux multiples moyens lumineux (enseignés ici)
Pour
s’unir au cœur du Grand Seigneur. 3
En
ce sanctuaire d’Uḍḍiyāna accompagné de ses sanctuaires
secondaires nommés Kula et Akula
Se
trouve la gnose la plus haute, pleine de puissance - la pratique féroce !
De
même, multiple est l’éclat des sanctuaires qui resplendissent les uns après les
autres.
Mais
cette Entière Vérité est (pourtant) éternelle (, sa révélation est instantanée).
Ce
royaume resplendissant, par sa grandeur souveraine,
Se
trouve en tête des sanctuaires et règne sur eux. 4
Je
vais dire tout ce qu’il y a à savoir sur
L’énumération
des chemins avec leurs mantras,
Leurs
mots et leurs phonèmes. 5
Première stance :
Puisse
ce fruit qu’est
Le
repos en notre essence être notre.
Ce
fruit est celui de la Déesse primordiale,
Incompréhensible.
Elle
est ce roulement de tonnerre des mots et des choses
Ce
grand flot du courant divin,
Energie
sans-caractéristiques à l’origine des vagues de la Māyā //1//
Le
vaste déploiement de la Déesse primordiale, ce grand flot
qui précède le courant divin, est ce roulement de tonnerre
des mots et des choses, incompréhensible énergie, origine de la vague
de la Māyā : puisse ce fruit du repos
en notre essence être notre.
Tel
est le sens (de ce vers) selon (son) ordre en prose.
Mais
voici maintenant le sens implicite :
Ce
roulement de tonnerre des mots et des choses est le déploiement de la (Parole) Médiane colorée par
les objets pensés, proclamation ininterrompue provenant de l’apparition du grand
flot en forme de Voyante dont la nature est la vibration de la Résonnance
(de la conscience manifestée comme mantra), consistant en des signifiants et des
signifiés indifférenciés. (Ce grand
flot) provient du courant divin dont l’essence est le Soi, Parole
Suprême gouvernée par la Déesse primordiale qui est l’essence, le Soi
Suprême.
Le
mot et la chose,
c’est le nom et la forme, le signifiant et le signifié. Leur grondement roule
comme le tonnerre (à travers toute la manifestation).
C’est
lui ce cycle inférieur qu’est le déploiement de l’univers en forme d’énergie
des vagues de la Māyā accompagné de la (Parole) Articulée
avec ses objets signifiés (clairement distincts les uns des autres).
Son
origine, son lieu d’origine, est caractérisé comme sans-caractéristiques.
Il est le déploiement complet de la Parole jusqu’à l’Articulée, apparaissant
sous la forme de leur signifiés respectifs. Il est gouverné par la Parole
Suprême.
Tel
est cette quadruple apparition de la Parole qui s’achève par l’Articulée,
gouverné par la Parole Suprême. Il a pour essence la conscience, c'est-à-dire le
fait d’être actuellement conscient.
De
même ce déploiement de la conscience est de deux natures : phénoménal et
non-phénoménal. Il est la « Totalité des sons », objets empiriques de
la parole articulée que l’on se représente actuellement.
Ce
(déploiement) a pour origine la conscience, il existe dans la conscience, il
est fait de conscience, il repose dans la pure conscience.
Ainsi
ce déploiement de l’univers a pour fruit le repos en notre essence. Puisse
(ce fruit) être notre. Puisse t-il s’achever par l’expérience de la
Grande Vérité qui est présente pour tous toujours et partout.
Voilà
ce que veut dire ce vers de salutation. 1
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