Selon les tempéraments, on peut approcher la Source par la connaissance ou par l'amour, plutôt comme conscience ou plutôt comme cœur.
Mais en vérité, ces deux approches sont plutôt deux facettes inséparables de la même expérience intérieure, ou comme deux pôles de la vie intérieure. En réalité, il n'y a pas de ressenti du cœur sans silence, ni de silence sans un ressenti du cœur.
C'est ce qu'explique Laurent de la Résurrection au XVIIe siècle dans ce passage sur la pratique de la présence de Dieu, où il rapporte les paroles d'un inconnu :
"Je connais une personne qui depuis quarante ans pratique une présence de Dieu intellectuelle [=pure présence en silence], à qui il donne plusieurs autres noms,
tantôt il l'appelle acte simple,
ou connaissance claire et distincte de Dieu,
quelque fois vue confuse
ou regard général et amoureux de Dieu,
souvenir de Dieu ;
d'autres fois il la nomme attention à Dieu,
entretien muet avec Dieu,
confiance en Dieu, la vie et paix de l'âme ;
enfin cette personne m'a dit que toutes ces manières de présence de Dieu ne sont que des synonymes, qui ne signifient qu'une même chose, et qu'elle lui est présentement comme naturelle. Voici comment :
Elle dit qu'à force d'actes et en rappelant souvent son esprit en la présence de Dieu, l'habitude s'en est formée de telle manière, qu'aussitôt qu'il est libre de ses occupations extérieures,, et même souvent lorsqu'il y est le plus engagé, la pointe de son esprit, ou suprême partie de son âme s'élève sans aucune diligence de sa part, et demeure comme suspendue et fixement arrêtée en Dieu par-dessus toutes choses, comme en son centre et en son lieu de repos, sentant presque toujours son esprit en cette suspension [=silence] accompagnée de la foi [=ressenti du cœur].
Cela lui suffit.
Et c'est ce qu'elle appelle présence de Dieu actuelle, qui comprend toutes les autres sortes de présence et beaucoup d'avantages, de sorte qu'il vit maintenant comme s'il n'y avait plus que Dieu et elle au monde. Elle s'entretient partout avec Dieu, elle lui demande ce dont elle a besoin et se réjouit sans cesse en mille et mille façons avec lui."
La Théologie de la présence de Dieu, Cologne, 1710, p. 118
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